AUTEURS

Rafael Alberti





Il est né “par une nuit de tempête inattendue”, le 16 décembre 1902, au Port de Santa María, blotti dans l’arc bleuté de la baie de Cadix.
Enfant, il aimait faire l’école buissonnière, courir parmi les pins sur le sable des plages, regarder les bateaux et les blanches pyramides des salines.
À quinze ans, obligé de suivre sa famille à Madrid, il se sent exilé dans la capitale, éprouvant une nostalgie qui lui inspirera son premier recueil, Marin à terre (Prix National de Littérature, 1925).
Devenu populaire avec García Lorca, Alberti plonge cependant en 1928 dans un trou noir : malade, souffrant des séquelles d’une tuberculose mal guérie, perdu dans un désarroi spirituel qu’aggrave une crise sentimentale sans issue, il confie à la poésie le soin d’exorciser les ténèbres qui l’environnent. Ce sera Sur les anges (1929).
Mais déjà l’Espagne se libère du joug de la dictature de Primo de Rivera. La République rêvée par les intellectuels d’avant-garde se prépare. Alberti s’engage dans le combat. Il devient “le poète dans la rue”, celui qui dénonce avec force le marasme et chante la révolution.
Il est amoureux d’une jeune femme blonde, grande et belle, María Teresa León. Ils voyagent, ils se marient (1930) et avec leurs amis Lorca, Neruda, Aleixandre, Cernuda, Miguel Hernandez, créent au théâtre et en poésie quelques-uns des chefs-d’œuvre de l’Espagne nouvelle.
Agressés par le soulèvement franquiste de juillet 1936, ils se retrouvent à Paris, premier et douloureux refuge qu’Alberti évoquera dans Vie bilingue d’un réfugié espagnol en France.
Le 10 février 1940, un bateau quitte Marseille. Il emporte le couple pour un long exil de vingt-quatre ans en Argentine. L’éloignement, la contemplation des paysages qui lui rappellent ceux de son Andalousie natale suscitent des chants d’exil qui comptent parmi les plus beaux de la langue espagnole : Revenances du vivant lointain (1952) et Ballades et chansons de Parana (1954).
Revenu en Europe en 1964, Alberti découvre les charmes de Rome où il s’installe. Il écrit, peint, dessine, commence ses Mémoires qu’il réunira en deux volumes sous le titre La Futaie perdue (1959-1987).
Quand il rentre dans son pays à nouveau libre, c’est un poète de soixante-quinze ans, universellement célèbre et sémillant, que l’Espagne accueille : “Je suis parti le poing fermé car c’était le temps de la guerre, et je reviens la main ouverte, tendue à l’amitié de tous”.
Vingt ans plus tard, en compagnie de María Asunción Mateo, Alberti, haute figure mythique et bien vivante, reçoit dans la maison de Puerto de Santa María retrouvé, l’hommage mérité de l’Espagne et du monde.

Récemment paru
A la peinture, Le Passeur, 2001




Cahiers du Refuge :
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interventions au cipM :

Rafael Alberti (Manifestations)
Rafael Alberti (Expositions)