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Antonio Negri


Antonio Negri



Biographie :

Antonio Negri, né le 1er août 1933 à Padoue (Italie), est philosophe et homme politique italien.
Jeune professeur à l’Institut de sciences politiques de l’université de Padoue, dans les années 60, il participe à la rédaction de la revue Quaderni Rossi avec Mario Tronti, Romano Alquati, Raniero Panzieri, et contribue à fonder à partir d’une mouvance marxiste hétérodoxe (en rupture totale avec le PCI de l’époque) ce que l’on a appelé l’« opéraïsme ». En 1969, il est l’un des fondateurs, avec d’autres, du groupe Potere Operaio, qui s’auto-dissoudra en 1973. Il participe ensuite au mouvement autonome italien d’Autonomia Operaia à travers les Collectifs Politiques Ouvriers et le journal Rosso. Il défend une conception de l’opéraïsme qui met l’accent sur le concept d’« ouvrier social » et s’oppose à la vieille figure de l’« ouvrier-masse ». En France, le groupe Camarades (1974-1978) s’inspirera largement de ses idées.
Il est arrêté le 7 avril 1979, lors d’une enquête sur le terrorisme. Il fait quatre ans et demi de prison en préventive dans des quartiers de haute sécurité. Il est acquitté dans les procès les plus graves et blanchi de certaines accusations, mais condamné à trente ans de prison pour « association subversive », « complot contre l’État » et « insurrection armée », peine qui sera réduite par la suite à 17 ans. Alors qu’il est en prison, en juin 1983, il est élu député du Parti radical italien, ce qui lui permet d’échapper provisoirement à la détention grâce à l’immunité parlementaire dont bénéficie tout député. Lorsque le parlement, à une très courte majorité (quatre voix qui sont celles des députés... du parti radical qui l’a pourtant fait élire), décide de lever cette immunité, il prend la fuite pour la France. Il a bénéficié depuis d’acquittements systématiques concernant ses liens présumés avec les Brigades Rouges et sa prétendue responsabilité dans l’assassinat d’Aldo Moro ; mais ses liens avec certains groupes subversifs, et son activité au sein du mouvement de contestation sociale (manifestations parfois violentes, publication de revues et de livres, organisations de grèves et de sabotages dans les usines pétrolifères et chimiques de Marghera, en Vénétie) lui ont valu une condamnation par contumace à 30 ans de prison. Cette peine a, par la suite, été réduite à dix-sept ans et quatre mois. Amnesty International a très tôt dénoncé les procès politiques italiens et la représsion de la contestation. Certains intellectuels français ont en particulier apporté dès la fin des années 70 leur soutien à Negri et à ses camarades (par exemple, Gilles Deleuze, Félix Guattari, Jean-Pierre Faye, Michel Foucault).
Antonio Negri, après plusieurs années passées en France, sans papiers mais protégé par la « doctrine Mitterrand » comme la plupart des « émigrés politiques » italiens, est retourné volontairement en Italie en juillet 1997 pour y finir sa peine et chercher à trouver une « solution politique » aux « années de plomb ». Après six ans et demi de détention, dont la moitié en régime de semi-liberté, il a fait l’objet d’une libération définitive en avril 2003. Souvent critiqué, voire conspué en Italie et associé systématiquement aux « années de plomb » (on continue par exemple à affirmer qu’il a été le chef occulte des Brigades Rouges alors que la justice a établi sa totale étrangeté avec les BR, et que les brigadistes eux-mêmes sont indignés d’une telle « parenté »), Negri fait l’objet d’un prestige nettement supérieur en France et dans les pays anglosaxons, où il est devenu un intellectuel de référence. Il a en particulier vendu plus d’un million d’exemplaires du livre qu’il a co-écrit avec Michael Hardt, Empire.
Il vit désormais avec sa compagne, entre Paris et Venise. Après avoir fondé et co-dirigé avec Jean-Marie Vincent la revue Futur antérieur dans les années 1990, il dirige aujourd’hui la revue italienne Posse, et fait par ailleurs partie du comité de rédaction international de la revue française Multitudes (dirigée par Yann Moulier-Boutang).


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Toni Negri - Leopardi - extrait

Bibliographie (textes traduits en français) :
La Classe ouvrière contre l’État, texte français Pierre Rival et Yann Moulier, « Politique et société », Galilée, 1978.
Marx au-delà de Marx : cahiers du travail sur les « Grundrisse », préface Y. Moulier, texte français Roxane Silberman, « Cibles », Christian Bourgois, 1979 ; L’Harmattan, 1996.
Sabotage et autovalorisation ouvrière (extrait de Il Dominio e il sabotagio) in Usines et ouvriers, figures du nouvel ordre productif, François Maspero, 1980.
L’Anomalie sauvage, puissance et pouvoir chez Spinoza, texte français François Matheron, préfaces Gilles Deleuze, Pierre Macherey et Alexandre Matheron, « Pratiques théoriques », Presses Universitaires de France, 1982.
Les Nouveaux Espaces de liberté, avec Félix Guattari, suivi de Des libertés en Europe et de La Lettre archéologique, « Reliefs », Dominique Bedou, 1985.
Italie rouge et noire : journal février 1983-novembre 1983, texte français et éd. Y. Moulier, Hachette, 1985.
Des entreprises pas comme les autres : Benetton en Italie, le Sentier à Paris, avec Maurizio Lazzarato, Giancarlo Santilli et Yann Moulier-Boutang, Publisud, 1993.
Spinoza subversif : variations (in)actuelles, texte français Marilène Raiola et F. Matheron, Kimé, 1994 (2002).
Le Bassin de travail immatériel dans la métropole parisienne, avec la Antonella Corsani et M. Lazzarato, « Logiques sociales », L’Harmattan, 1996.
Le Pouvoir constituant : essai sur les alternatives de la modernité, texte français Étienne Balibar et F. Matheron, « Pratiques théorique », Presses Universitaires de France, 1997.
Exil, tiré du documentaire Retour vers le futur réalisé par M. Lazzarato et Raffaele Ventura, postface Giorgio Agamben, texte français François Rosso et Anne Querrien, « Les Petits Libres », Mille et une nuits, 1998.
Empire, avec Michael Hardt, texte français Denis-Armand Canal, « Essais », Exils, 2000 ; « Fait et cause », 10/18, 2004.
Kairòs, Alma Vénus, multitude : neuf leçons en forme d’exercices, texte français Judith Revel, « Petite Bibliothèque des idées », Calmann-Lévy, 2001.
Du retour. Abécédaire biopolitique, « Petite Bibliothèque des idées », Calmann-Lévy, 2002.
Le Machiavel lyrique, extrait de Lenta ginestra : saggio sull’ontologia di Giacomo Leopardi, chapitre IV, Sugarco Edizioni, Milano,1987, texte français Claude Screnci in LEXI/textes 6, Théâtre National de la Colline/L’Arche, 2002.
Job, la force de l’esclave, texte français de J. Revel, Bayard, 2002.
Multitude : Guerre et démocratie à l’époque de l’empire, avec M. Hardt, La Découverte, 2004.
Essaim (inédit), théâtre, création Barbara Nicolier, Théâtre Vidy Lausanne E.T.E, 2004 ; Théâtre National de la Colline, 2005.
Art et Multitude, neuf lettres sur l’art, « atelier », Epel, 2005.
goodbye mister socialism, Seuil, 2007.
Fabrique de porcelaine, « l’autre pensée », Stock, 2006.
Lent genêt : essai sur l’ontologie de Giacomo Leopardi, Kimé, 2006.




Cahiers du Refuge :
171 (Toni Négri)

interventions au cipM :

Toni Negri (Manifestations)