AUTEURS

Jean-Paul Thibeau


Jean-Paul Thibeau



Né le 7 mai 1950 à La Teste de Buch, en Gironde, vit aujourd’hui à L’Isle sur la Sorgue, dans le Vaucluse, est artiste-chercheur et enseignant.
Par une expérimentation incessante, il réalise une poétique de l’existence. La majeure partie de son activité s’appuie sur la notion de déplacement (méta) : déplacement physique et déplacement poétique (cf : protocole méta). La manière dont il se déplace s’apparente à un laboratoire mobile à partir duquel il peut explorer et réaliser le « protocole méta ». Celui-ci est un dispositif aussi bien qu’un « penchant » pour expérimenter formes, saveurs, esthétiques et consciences diverses de l’existence – en sachant que mét(a) est un préfixe exprimant ici, la participation, la succession, le changement...
L’enjeu y est double : d’une part, il s’agit d’expérimenter diverses propositions qui peuvent s’appuyer autant sur des objets, des lieux, des corps, des durées, des déplacements, des manières d’être, etc., d’autre part, il s’agit de réfléchir sur la construction d’un soi expérimental, d’un soi ouvert et en transformation régulière.
Il transfert ce qu’il « apprend » de ses recherches et de sa pratique dans son enseignement – et vice versa : il expose sa pratique aux conséquences qu’il tire de ses enseignements. Ces trois activités : chercheur, artiste, enseignant, entretiennent donc des rapports dialogiques. Il conçoit son enseignement comme une recherche et les ateliers auxquels il participe comme autant de laboratoires.


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Si j'écris ...

Bibliographie :

Livres
Comme un jeté de textes (écrits 1969-1999), hors’champs, 2000.
Prologue au protocole méta, hors’champs, 2007.

Catalogues
Une rétrospective 70-80, capc Bordeaux, 1981.
Fragments d’activité, (Cadillac et La Roche sur Yon, 1984.
Conversations des êtres, des choses et des je-ne-sais-quoi, Galerie Keller, Paris, 1990.
Jean-Paul Thibeau, Festina Lente, 1994.
Jean-Paul Thibeau, capc, Bordeaux, 1996.
Les objets désorientés au Maroc, Musée des arts décoratifs, Paris, 1999
Manifesto no 1, hors’champs, 2000.
Le livre du Frac, Collection Aquitaine, 2002.
Au bord du temps..., Blois, Musée de l’Objet : 3 sessions d’expérimentation, 2003.
Le journal de JPT, Rabat, hors’champ, 2005.

Revues : Artpress (n°s 214, 266 et 292), Métronome (n°s 4 et 5), Qu’attendez-vous d’une institution artistique du XXIe S. Palais de Tokyo. 2001, Artprésence (n° 54), Elastic 01, Économies silencieuses et audaces approximatives, 2005.

Extraits :
Comme une petite pincée de rébus

L’intention énigmatique nous a toujours subjugué, plus que n’importe quelle démonstration. Il suffit d’un mot, d’un geste – et tout est dit ou fait ! Pourquoi chercher la preuve ?

Le fauteuil vide et impassible : Ah ! Moi, je vous dis : voici ce que l’on appelle habituellement un corps parlant – on y suppose un sujet habité par des tensions et des intentions. Lui, il parle par énigmes et rébus ! Il parle et écoute dans la langue des marteaux et des « méta ». Il est un archipel d’êtres furtifs et mobiles. Se déplacer à la périphérie de soi : voilà le protocole méta, en sachant que « méta » est un préfixe indiquant ici, la participation, le déplacement, le changement. Il parle et sa voix est aussi une périphérie ensorcelée par la rumeur des mots et des mondes.

Le prospectus plié en forme de cocotte : Eh ! Moi, je vous demande si, pour l’artiste réellement expérimentateur, l’art n’est pas devenu le tenant lieu d’une réalité et la production d’un mode d’apparaître et de disparaître à part entière, qui n’a pas à être justifié autrement que par la construction d’une simple « existence » ? Est-il sujet, non plus d’un art, mais d’un activité qui ne pourrait plus dire son nom ? Il paraît libéré de l’obligation de décliner sa
justification, il est méta-sujet !

Le corbeau en son vol flou : Oh ! Moi, je vous rappelle que le méta-sujet est ce qui succède aux notions de « sujet artiste » et d’« ego expérimental ». C’est un gymnaste de l’hors soi. Tout un être-au-monde est à re-questionner dans son activité continue entre mental, corps, dedans, dehors. Dans ses fluctuations, le méta-sujet invente sa position par rapport à l’art et à la vie, tout en oubliant son invention. Il ne cherche pas à créer un nouvel art, mais une autre conscience...

Le méta-sujet avec son fromage : Oui ! Voyez comme l’existence est recherche d’un art de vivre, d’une certaine gratuité, d’un abandon de soi au je-ne-sais-quoi du monde. Depuis les années 1950, l’esthétisation de l’existence doit être entendue comme la recherche de nouvelles expériences, à la fois pour élargir la conscience de soi et élargir le territoire de l’art. Une mise à l’épreuve des multi-dimensions du méta-sujet et de ses activités énigmatiques.

L’artiste, errant et gesticulant : Ah ! Mais sachez qu’être méta-sujet, c’est une position de détachement par rapport à ce que l’on entend encore par artiste aujourd’hui. Ce n’est plus occuper cette place purement pathétique, où il faut à tout prix défendre son point de vue : c’est surmonter cette posture égocentrée – c’est être là dans l’avènement même des choses, des forces et des formes qui nous traversent. C’est travailler sur le regard et donc sur la conscience des gestes et des choses. C’est élaborer une forme d’errance et de disparition.

La table et ses copeaux : Est-ce que le véritable art serait de sculpter « la manière de faire les choses » ? Rendre plus sensible la manière de respirer et de penser les choses ? Est-ce une façon de modeler autrement la manière de converser avec autrui ? C’est aussi une façon d’accueillir simplement le jeu des métamorphoses !
Novembre 2003




Cahiers du Refuge :
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