AUTEURS

Charles Olson


Charles Olson



L'œuvre de Charles Olson a fait l'objet du dossier de la revue CCP 20

-

Fils d’immigrés – un père suédois, une mère irlandaise – le jeune Olson passe son enfance dans le Massachusetts, à Worcester ; c’est son père, facteur, qui emmène l’enfant à Gloucester, lors des congés annuels. Cette ville côtière a été un des lieux d’implantation de la pêche originelle sur ces rivages, dès le début du xviie siècle, face aux lieux de fixation des Puritains du Mayflower. Brillant étudiant à Wesleyan University, ses premières recherches portent sur Hermann Melville, l’auteur de Moby Dick ; il rencontre son mentor Edward Dahlberg, qui le présentera aux milieux littéraires, en 1936. C’est aussi l’année où il participe pendant l’été à la pêche en mer. De ces expériences sortira en 1947, l’étude sur Melville intitulée Appelez-moi Ismaël, qui bouscule assez les conventions universitaires, et donne une définition de « l’espace américain ». La période de la Seconde guerre mondiale est celle où, travaillant pour le gouvernement Roosevelt à Washington, il prend connaissance de l’oeuvre de Pound : il sera le témoin de la mise en accusation pour trahison de celui-ci, et deviendra un visiteur régulier à l’hôpital St Elizabeth, jusqu’à ce que les positions fascisantes du poète des Cantos lui deviennent insupportables. Au détour des années 50, il est en résidence dans le Yucatan, où sa vocation se précise, en particulier par le moyen de sa correspondance avec Robert Creeley, qui édite un de ses livres ; à la même époque il devient le recteur du Black Mountain College (Caroline du Nord), un établissement expérimental fondé et tenu entre autre par d’anciens membres du Bauhaus. Olson sera toute sa vie un épistolier fécond, et ses lettres (à Frances Boldereff, confidente qui assista à la naissance de l’idée Maximus; à Ed Dahlerg ; à Cid Corman, qui le publia dans sa revue Origin ; à Don Allen, ce dernier étant l’auteur d’une anthologie du début des années 60 qui l’a fait connaître au public). Le College fermera, faute de moyens financiers, en 1956 ; il aura vu passer dans ses murs poètes, musiciens, peintres et danseurs : outre Creeley, qui s’occupera de la revue, ont fréquenté là, entre autres, John Cage, Robert Duncan, Ed Dorn, Robert Rauschenberg, Merce Cunningham... Olson y aura trouvé le lieu de son accomplissement personnel : il y rédige les poèmes qui composeront le premier volume de Maximus. L’oeuvre se situe dans la lignée inaugurée par Whitman, et Olson suivra les enseignements des Cantos poundiens et du Paterson de Williams, pour construire un epos, où la destinée individuelle de l’aède croise celles des acteurs de la dramaturgie historique, et enregistre les lignes de force qui ont façonné le lieu de la Cité de Gloucester. Olson vivra dans sa ville aimée jusqu’à sa mort : il y aura composé la matière du second livre de Maximus, publié en 1968. Le Volume Trois sera rassemblé et publié après sa disparition. Le plus beau titre d’Olson reste Archeologist of Morning (recueil publié en 1970) : « archéologue du matin », ainsi se définissait-il... Fouilleur passionné des origines, explorateur du temps, lecteur des mythes fondateurs, et scrutateur des actions humaines.



écouter :

From Maximus - Lecture complète au Black Mountain College

Bibliographie :

Œuvres originales & compilations :
Appelez-moi Ismaël, trad. de Maurice Beerbloch, Les Essais, Gallimard, 1962.
Au travers de l’espace et du temps, traduit par Auxeméry, Thiviers, 1981.
Maximus Amant du Monde, un choix de poèmes extraits de Maximus, et un poème tiré d’une lettre à Creeley, du 16 avril 1951, traduit et présenté par Auxeméry, Ulysse Fin de Siècle, 1988.
Lettres Mayas, traduction de Vincent Dussol, Trois Cailloux, Maison de la Culture, Amiens, 1990, avec une introduction de Kenneth White.
Commencements, textes de diverses origines : Maximus; Collected Poems ; Collected Prose, dont Univers Humain ; Letters for Origin ; Reading at Berkeley, plusieurs traducteurs : Vincent Dussol, Holly Dye, Éric Giraud, Pascal Poyet, Bernard Rival et
Bénédicte Vilgrain. Théâtre Typographique, 2000.
Les Martins-Pêcheurs & autres poèmes, traduction et présentation par Auxeméry, Virgile/Ulysse Fin de Siècle, 2005. Avec la dernière version de Vers Projectif.
Les poèmes de Maximus, avec introduction et glossaires, La Nerthe, 2009.

Traductions de textes séparés, en revue ou en volume :
Impossible de donner ici une liste exhaustive des publications, très fragmentées et dispersées. On en trouvera l’esquisse la plus complète possible dans l’édition des Poèmes de Maximus par La Nerthe.
Notons cependant des revues aussi diverses que Les Temps Modernes (no 72), Tel Quel (no 19), L’Énergumène (1973), PO&SIE (no 1), TXT (no « IntrAduction aux étrangers », et no « Babel-USA »), Traverses (no 27/28), in’hui (1986), ORACL (1987), Détail (no 3), Cahiers de Géopoétique, Le Noeud de miroirs (no 12-13,)...

Articles et essais :
Il faut dire surtout l’importance pour les Olsoniens du chapitre Olson et la Black Mountain Review, dans Lecture de la poésie américaine, par Serge Fauchereau, Editions de Minuit, 1968, et de La figure du dehors, chapitre d’un livre portant le même titre, emprunté à Olson, par Kenneth White, Grasset, 1982.

On trouvera aussi un certain nombre de textes signés par Auxeméry dans la revue Le Lumen, Trois Cailloux, Amiens, 1985, dans Pound Périphériques, Trois Cailloux, Amiens, in La Quinzaine Littéraire, mai 1986 (à l’occasion de la parution des Cantos de Pound, chez Flammarion), dans Je rassemble les membres d’Osiris, anthologie de textes d’Ezra Pound, Tristram, 1989 dans La Quinzaine Littéraire, avril 1990 (à l’occasion de la parution de la traduction des Lettres Mayas). in H.D. (Hilda Doolittle), Fin du Tourment, La Différence, 1992, ainsi qu’un essai intitulé Charles Olson, ici-toyen, in in’hui 56/57, Poésie Américaine 1950-2000, Le Cri, 2002 : cet article contient deux versions de poèmes entiers : Lettre 6, et John Burke, Lettre 35, tirés du premier volume de Maximus, et le même numéro de cette revue comporte un important essai intitulé Pound, Williams, Olson, Snyder : tribulations du poème long Américain, par Hélène Aji.




a publié au cipM :
CCP 20

Cahiers du Refuge :
198

interventions au cipM :

Charles Olson / Robert Creeley (Manifestations)