ÉCOLE DU CIPM

Atelier Adultes

L’appel du large


Jack London dans les mers du sud


De octobre 2017 à décembre 2017

Intervenantes :
Sarah Kéryna, Esther Salmona



Dans le cadre de l'exposition

Jack London dans les mers du sud

au Musée d'arts Africains, Océaniens, Amérindiens
(Centre de la Vieille Charité)
du 8 septembre au 7 janvier 2018


Ateliers d'écriture au cipM

Adultes
Les samedis 2, 9, 16 décembre de 14h à 16h



Bilan Sarah Kéryna :

Pour ces ateliers j’ai été puiser un premier temps dans l’idée de l’avatar.

Lorsque Jack London appareillait vers des destinations lointaines, c’était à la fois pour fuir et pour se réinventer. L’aventure, comme expérience de vie et expérience d’écriture a engendré tout autant d’avatars, portant plus au moins le masque de l’auteur.

J’ai proposé d’embarquer pour un voyage intérieur : celui que l’on rêve, celui que l’on fait dans sa tête, entre fiction et réalité, mais aussi celui où l’on se parcours soi-même passé/ présent/futur et où l’on se projette dans un double mouvement : ancrage/aspiration.
A l’instar de Jack London, qui posait dès le début de la croisière du Snark la question

« Quand partons nous ? », nous allons nous préparer à franchir le seuil, en nous interrogeant sur ce(ux) que nous emportons, ce(ux) que nous laissons, ce à quoi nous aspirons.
Pour cela, j’ai utilisé les premiers vers du poème de Jean Tardieu (extrait de
Conjugaisons et interrogation) :

Nous restons où nous sommes Nous restons où nous sommes arrivés.

Pourtant nous ne restons pas là où nous sommes Nous ne restons pas où nous sommes arrivés.

Puis, dans un deuxième temps, je me suis référée au texte Loin, de Marie Borel, paru aux éditions de l’Attente. Texte qui évoque une traversée autant géographique que sensorielle et métaphysique sous forme d’un journal de bord fragmenté.

Je suis partie du titre d’un chapitre du livre récit de la traversée de Jack London, La croisière du Snark, qui est : « On s’oriente ».

J’ai demandé à chaque participants d’indiquer les coordonnées latitude et longitude sur la carte à l’endroit où ils souhaitaient situer leur texte.
La phrase prélevée dans Loin : « Connaître est essentiellement regarder » a servi d’aiguillon.

Chacun a été invité à décrire les paysages traversés, les pensées, les souvenirs, les divagations, les récits d’enfance, les mythologies se raccrochant à ce voyage, en imaginant que ce texte était une sorte de journal de bord.

Bilan Esther Salmona :

« Être vivant, vivre sa vie pourrait être comparé à un voyage, une expédition, une exploration. Qu’est alors notre vaisseau ? Avec qui sommes-nous embarqués, sur quelles mers ? Quelle est notre « destination de départ » comme celle de notre arrivée ? Quelles sont les escales, ou sont les accostages ? Comment témoigner de cela et à travers quelles formes ? C’est ce que nous allons tenter d’explorer à travers les œuvres d’écrivains et d’auteur.e.s qui ont tenu ou tiennent un « journal de bord », non pas forcément de l’intime, mais de la vie telle qu’elle peut être traversée. Noter cette vie, ce voyage, est-ce la retenir, la transformer, la vivifier, lui donner de l’espace, la transmettre, la dissimuler, la parachever, l’oublier ?

La question pour ce premier atelier sera de tester et trouver une forme de « journal de bord », forme dans laquelle un entraînement pourra se construire, se générer, être un étai pour continuer, des « appuis pour créer quelques mouvements » *. Qu’est-ce qui provoque et entraîne l’écriture dans la forme même ?

* Pierre Parlant, sur Ma durée Pontormo, Poésie et ainsi de suite, 1er décembre 2017 https:// www.franceculture.fr/emissions/poesie-et-ainsi-de-suite/poesie-et-ainsi-de-suite-vendredi-1- decembre-2017 » (Note distribuée aux participants).

Lors de ces ateliers, nous sommes partis du principe du journal de bord. Nous avons élargi ce principe à l’écriture d’une scansion dans le temps, et à ses diverses formes. (cf. références ci- dessous). Les directions prises par les textes des participants ont abordé le notion de quotidien, de répétition, de drame, de notes télégraphique... La forme « journal de bord » primait pour lancer l’atelier.

Lors du deuxième atelier, dans une optique quasi-inverse, il a été demandé à chaque participant de raconter un événement en une seule phrase. Ensuite, chacun a mis ses phrases dans un couvre-chef, et les phrases ont été tirées au hasard. La première consigne consistait à écrire un texte pour arriver à cette phrase. Avec une deuxième pioche, de deux phrases cette fois, il a été demandé de commencer et de finir un texte encadré par chacune des phrases piochées.

L’écriture avec la contrainte d’une phrase qui arrive comme un grain de sable dans un rouage, ou peut-être dans une huître, a donné des textes qui se sont accrochés entre eux, d’une manière assez palpable. Des paysages communs se sont constitués, ou accolés, des voix se sont fondus, des possibles fictions ont été entamées...

La dernière partie de l’atelier s’est passé à tenter d’associer les textes par deux, et donc à écrire un texte qui servirait de charnière. Des discussions ont commencé, des méthodes ont été évoquées.

Références :

Pédaler, écrire, Jean-Marc Pontier, éd. Contre-Pied Le livre des champignons, John Cage, Riyôan-ji
Journal d’un poème, Roger Giroux, Éric Pesty éditeur
Ma durée Pontormo, Pierre Parlant, NOUS
« Pour quoi, pour qui, se lance-t-on dans pareille aventure ? »
Régime de jacopo, Pierre Parlant, Contre-Pied
Journal, Jacopo da Pontormo, traduit par Fabien Vallos, MIX éditions L’Agenda de l’écrit, Benoît Casas, Cambourakis
Le métier de vivre, Cesare Pavese, Gallimard
Extrait de la grande liste des personnes que j’ai rencontrées au moins une fois dans ma vie, Frédérique Soumagne, Dernier Télégramme
L’histoire très véridique et très émouvante de ma voix de ma naissance à ma dernière chose prononcée, Cécile Mainardi, Contre-Pied
Comme un fracas, Jacques-Henri Michot, Al Dante
la vingt-trois mille deux cent vingt-septième nuit, Jacques-Henri Michot, Al Dante
Les autonautes de la cosmoroute, Carol Dunlop et Julio Cortazar, Gallimard
JOUBOR, XCAT04, Laurence Denimal, Al Dante
Le journal de bord du Snark, Sharmian London, Arthaud


À lire
Textes de Richard Lecoq, participant à l'atelier