EXPOSITIONS

Travaux communs


Écritures / Photographies


du dimanche 23 décembre 2001 au samedi 23 février 2002



Michel Butor, Serge Assier



Rencontres
Textes / Images


Fragment de texte de l’entretien
accordé par Michel Butor à Bernard Teulon-Nouailles
et Skimao le lundi 23 décembre 1991


Q. : En principe qu’est-ce qui t’attire dans une œuvre ? Que t’apporte-t-elle en général ?
M.B. : Ce qui me rend Baudelaire proche et qui fait que, dans cet essai, j’ai parlé indirectement de moi, c’est que le père de ce dernier était également féru de pein-
ture. Et qu’il a dû souffrir de son nom tout comme moi... On peut dire que la critique me permet de dire des choses de moi que je n’aurais pu dire autrement et que la peinture m’ouvre des chambres de l’imagination, qui jusque là m’étaient fermées. Sans les peintres, il y a des tas de choses que je n’aurais jamais pu inven-
ter ni écrire. Donc la peinture me permet de m’inventer, de devenir quelqu’un d’autre. Comme le héros de la modifica-
tion, je me transforme et me modifie. Évidemment, je m’engage alors dans un processus très complexe, impliquant une méditation sur la peinture, l’histoire de l’art, de la censure etc. Cela permet aussi d’ouvrir pas mal de portes aux gens qui admirent les classiques (dialogue avec Eugène Delacroix sur l’entrée des Croisés à Constantinople), et d’essayer d’en faire voir des nouveaux qui m’intéressent... Tous les moyens me paraissent bons (cri-
tiques, poèmes, narrations...) pour mettre l’accent sur une région picturale encore inexplorée... Ou photographique (la pho-
tographie est un genre de la peinture, faite avec une caméra au lieu d’un pinceau ; il s’agit de peinture). Je viens d’écrire 54 quatrains pour le marseillais Serge Assier. Chacune des strophes signale deux détails de 54 de ses photos. Ces textes font un certain effet quand on a la photo en face. Mais le texte peut avoir sa vie propre malgré cette liaison assez forte avec les détails de l’image.
Il suffit de l’arranger quelque peu.




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