MANIFESTATIONS |
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• Au début de notre siècle, la France a connu le haïku classique japonais comme le haïkaï, grâce à Paul-Louis Couchoud (1879-1959) qui avait séjourné au Japon lors de la Guerre russo-japonais. Une centaine d’années n’a que peu permis au haïku moderne japonais – qui a subi l’influence de la poésie occidentale, bien qu’il ait conservé la poétique traditionnelle depuis l’Antiquité japonaise –, de rencontrer les lecteurs français. Au Japon on a continué de composer d’innombrables haïku en forme fixe de 5/7/5 syllabes, sauf quelques exceptions, depuis plus de 340 ans. Pourquoi les japonais aiment-ils cette forme fixe si ardemment ? C’est que le système rythmique de 5/7/5 syllabes est aussi restreint que libre. Si nous avions choisi un système de 5/7/5/7 syllabes, un système symétrique, nous aurions abandonné ce système inflexible sans délai. L’intellectuel japonais a emprunté un 5/7, système poétique qui était rigoureusement symétrique, à la poésie chinoise, peut-être à la fin du septième siècle. Comme on peut l’observer dans les beaux arts japonais, le Japon préfère toujours l’asymétrie ; dans le domaine poétique aussi. Le genre principal de la littérature classique japonaise était le Waka (un mot qui veut dire “chant japonais”) de 5/7/5/7/7 syllabes qui est plus long que le haïku. Cependant son système syllabique était partiellement symétrique mais fortement asymétrique. Raccourcissant un waka, on a inauguré le genre haïku qui ne renonce jamais à l’asymétrie syllabique. Par exemple, voici un haïku très célèbre du maître poète Bashô Matsuo (1644- 1694) à la fin du dix-septième siècle. Furuike ya (5) / Un vieux étang ! kawazu tobikomu (7) / vers lui une grenouille a sauté mizu no oto. (5) / son de l’eau. […] Ban’ya Natsuishi, in ' ' ' Cahier du Refuge ' ' ' 60, novembre 1997 |
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