MANIFESTATIONS

Dominique Fourcade


éponges modèle 2003


le vendredi 12 mai 2006, à 19h

lecture / rencontre avec :
Dominique Fourcade



Dominique Fourcade est Né à Paris, en 1938, et y réside à ce jour. Il est l’auteur d’un grand nombre d’ouvrage de poésie, et de plusieurs études sur Henri Matisse. Son travail fait l’objet du dossier de notre revue critique CCP 11.

Extraits :

Frédéric Valabrègue : Malheureusement, je n’ai pas entendu la lecture à Beaubourg d’éponges modèle 2003. J’ai été frappé, il y a vingt ans de cela, par la lecture que vous aviez faite à Toulon de Rose-déclic. La manière dont la voix portait le texte lui donnait une autre dimension, plane, presque atone ou robotique. Comment ou en fonction de quoi travaillez-vous ces choix ?

Dominique Fourcade : Les lectures que je fais à haute voix de mes textes en public sont d’une grande importance pour moi. Ça a effectivement commencé avec Rose-déclic, lire ce livre en public a été une expérience absolument imprévue : j’ai compris que la lecture était (ou du moins pouvait être, car il n’y a rien d’assuré) une occasion d’être dans la poésie d’une façon dont je n’avais aucune idée jusqu’alors, et aussi de réaliser mon livre d’une façon dont je n’avais nulle idée non plus. J’écris des sons, je ne le dirai jamais assez. J’écris à voix basse des sons – ou plutôt j’écris sans voix des sons. Lire le texte à haute voix – mais pourquoi dire à haute voix ? il faudrait plutôt dire quelque chose comme : à voix du texte, qui en l’occurrence reste à trouver – lire la voix du texte en public est donc l’occasion de plusieurs événements : trouver cette voix (ce qui revient à dire : trouver le texte), et l’inventant simultanément disparaître en tant qu’auteur, en tant que dérisoire personne (dont la propre voix s’annule) ; et encore être témoin direct du contact entre le texte et un public, ce qui n’est pas rien (car nous ne voyons d’habitude jamais personne nous lire). Mais la grande découverte, la grande chose inattendue (et le grand risque, car ça peut tout aussi bien ne pas se produire) c’est qu’il y a un texte.
C’est à ne pas croire. Je ne saurais dire que c’est un choix, ni que je travaille à m’absenter, bien qu’il faille atteindre à l’absence. Et si on répète trop souvent la lecture d’un même livre, on ne parvient précisément plus à cette absence à cette stupeur (le texte se retire). De toutes les lectures c’est certainement celle de éponges modèle 2003 en juin à Beaubourg qui a le plus compté. Là vraiment j’ai disparu, et j’espère pouvoir dire que le livre est apparu ; pour moi ça a été comme un quatrième acte aux trois livres. On m’a rapporté que quelqu’un avait dit dans la salle, après la lecture : cet homme est un centaure. Si ça pouvait être vrai !

[...]

Frédéric Valabrègue & Dominique Fourcade, "Un entretien", in CCP 11, cipM / Farrago, 2006





lire aussi :
146
CCP 11


écouter :
éponges modèle 2003