RéSIDENCES

Emmanuel Hocquard & Juliette Valéry


Thomas Möbius


en 1994

le cipM reçoit les auteurs :
Emmanuel Hocquard, Juliette Valéry



Soit le mur en pierre d’un immeuble. Dans le mur, les habituelles saignées de brique, qui correspondent aux conduites de cheminées. Vision d’ensemble : une coulée de brique dans le mur en pierre.

Soit un autre immeuble, de taille moins importante, au premier plan . Le mur du petit immeuble est entièrement couvert de lierre de vigne vierge. Deux couleurs, vert foncé et vert clair. Vision d’ensemble : une coulée de vigne vierge dans la couverture de lierre.

Vision globale : deux coulées analogues, l’une minérale, l’autre végétale.

Quelqu’un dit : « C’est par hasard ». Ce commentaire n’a pas plus de rapport avec l’analogie des deux murs que si on disait : le ciel est bleu ou le mistral s’est levé. Dans c’est par hasard, il y a une amorce de discussion.

Dans La soupe au canard, je crois, quelqu’un dit à Groucho, quelque chose comme : « Bonjour, comment allez-vous ? » Groucho se fâche et met fin à l’entrevue en déclarant : « J’ai horreur de discuter ».

De l’analogie entre ces deux coulées, il n’y a rien à dire ; il suffit de constater que c’est ainsi. Ainsi veut dire : je constate que, dans leur aspect, ces deux murs ont discutablement un air de famille. Cette constatation peut-être une source d’étonnement, de plaisir , ou d’amusement… Un petit kaïros, mettons. Il n’y a ni sous-entendu ni conclusion à tirer.

Tout commentaire serait incongru. Et donnerait l’impression qu’on cherche à masquer un trou, une solution de continuité. Il faudra pourtant bien, un jour, se décider à admettre qu’il n’y a pas nécessairement d’explications à donner à tout bout de champ, à propos de tout et de n’importe quoi.

Ça aurait, de plus, l’avantage d’être reposant.

Thomas Möbius




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