LES INéDITS

Inédits 2011


le vendredi 17 juin 2011, à 19h00

Lectures :
Renaud Piermarioli, Jérôme Karsenti, Esther Salmona



Trois noms qui ne disent rien encore ou presque, au lecteur, ou plutôt qui ne disent qu’eux-mêmes. On ne les retrouve que rarement aux sommaires des revues, quant aux livres, ils sont à venir. Pourtant, si ces écrivains ne sont qu’au début de leur travail, celui-ci n’en existe pas moins, et dans son état actuel a su nous convaincre. Ce n’est donc pas une chance que nous donnons à nos invités mais le simple témoignage de notre reconnaissance, et leur présence ici ce soir, ils ne la doivent qu’à l’attention que leur travail a suscitée. Ceci est un choix.

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Extraits :


Dans les ruelles de Venise, un couple déambule, s’abrite sous un parapluie rouge luxueux, volé peu avant dans une boutique.
– Je pense souvent à toi, même lorsque tu es là. dit Giovanito.
– On pense aussi aux morts chaque jour ! répond Julietta.
– Tu ne peux pas me perturber avec ton discours compliqué. Je suis de toutes les façons totalement heureux, c’est tellement simple.
– Oui ?
– Oui, totalement, sans zone d’ombre, je me sens rempli de bonheur, totalement heureux. C’est l’infini !
– Giovanito, tu aimes tellement l’infini que lorsque ça en sera fini pour toi, t’en seras malade ! Pourrais-tu écouter la Marche Funèbre de Chopin tout en restant aussi heureux ? Ne céderais-tu pas à la mélancolie ?
– Non! Je serais peut-être encore plus heureux.
– Bam, bam, pom, poum…. Chante-t-elle.

[…]

Jérôme Karsenti




Position :

Dans un espace, dans un univers, dans une galaxie,
dans un système solaire, intra-Terrestre, à l’intérieur
de l’Europe, en France, à Toulon, faisant face à une
cathédrale, près du marché, pas loin d’un pmu, au
troisième étage, au dessus d’un appartement vide,
à côté de voisins inconnus et discrets dont la porte
est fermée à clef, devant un ordinateur, avec des
colocataires bruyant mais sympathiques, surplombant
un clavier de plastique noir, remontant le long
de mes ongles, de mes doigts, de mes mains, de mes
bras, de mes épaules, de mon cou, de mon menton,
de ma bouche, de mon nez, de mes lunettes, de mes
yeux, de mes sourcils, entre mon front et le tableau
des pendus, sous mes cheveux noués, jusqu’au bout,
dans ma tête, à l’écran et sur le papier.

Renaud Piermaroli




La framboise des paupières.
La pulpe du sang battant.
Réseau éclairci.
Le parapluie sous la grange.
Les isolats se déposent les uns après les autres dans la clairière.
À l’autre extrémité un fourmillement est en train de naître.
Il veut parler avec les bords avec les taches de soleil sur l’aggloméré.
Une piste n’est pas forcément horizontale.
Les marqueurs de temps descendent la pente au plus près.
Voilà pourquoi le trouble frôle les frondaisons.
Et pourquoi le ciel bleu est en fait d’orage.
Un liseré blanc le long du tronc.
Le dégouttis de l’eau, et quand une tige y passe, un tunnel.

Esther Salmona




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