MANIFESTATIONS

Emmanuel Hocquard - Thomas Möbius - privé à Tanger


Vernissage - interventions - lectures


le samedi 9 juillet 2011, à 18h30

Vernissage de l'exposition consacrée à
Emmanuel Hocquard

suivi d'interventions et de lectures de
Claude Moureau Bondy, Abigail Lang, David Lespiau, Xavier Person, Claude Royet-Journoud, Juliette Valéry, Gilles Tiberghien



Extraits :

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Mieux qu’un théâtre en plein air, l’image qui me vient à l’esprit est voisine du spectacle que je découvris chez Emmanuel à Bordeaux lorsque, entrant dans son bureau, j’aperçus soudainement, posé au sommet d’un meuble administratif en métal, un dispositif, un prototype, en tous les cas, un modèle réduit de l’épisode des tessons de Montalban disposé à l’observation comme en sciences naturelles, sous toutes ses faces, exception faite de celle tenant lieu de sol et de socle. Un spectacle minimaliste, certes. Mais cependant effectif, et pour moi alors, pleinement didactique.
L’une des caractéristiques principales des enquêtes de langage auxquelles se livre Emmanuel Hocquard est la constance ou l’insistance avec laquelle il revient sur l’opposition entre les règles et les conventions d’une part, et la découverte ou l’invention d’organisations de langage alternatives, fondées soit sur une perception et un usage personnels, soit sur une conception et une pratique communautaire ou géographique.
[…]

Claude Bondy, extrait de Mon abracadabra pour Emmanuel




[…]
cher Emmanuel, merci pour ta carte. Si une fenêtre donne toujours – d’abord – sur une fenêtre, la tête n’en finit pas de donner sur un cadre. Et ce serait peut-être bien d’en finir avec ça. Mais comment ? Je pense à être noyé – il fait ici extrêmement chaud – dans une foule ou tout court, expression qui porte en elle la (mal)chance de ne pouvoir se rattraper à rien, pris au milieu des éléments, des événements. L’absence de perspective comme... repos ? Arrêter de penser avec les yeux. C’est pour ça que depuis longtemps la nuit aurait été choisie pour dormir alors qu’il y avait un paquet de trucs à faire le lendemain (cette hypothèse vaut bien un sandwich). Mais ce soir – caniculaire – les faux Indiens installés sur le port jouent en boucle le thème du Titanic à la flûte de Pan amplifiée. Si l’on ferme la fenêtre, on retrouve le silence dans la chaleur qui remonte illico d’un cran, à tel point qu’on ne sait plus bien qui ou quoi accuser. Le trop plein (qui pourrait tenir d’une forme en creux de la noyade), c’est cela que j’interroge. Avec l’absence de repos comme perspective. D’où la nécessité d’être noyé de façon étanche. Noyé dans ses pensées. Pour le moment je ne vois pas mieux...
[…]

David Lespiau, extrait de Fragments pour E.H.




Cher Emmanuel,
Nous voici donc à Nantes, à la Maison de la poésie, où il s’agit pour moi de dire quelque chose, de parler de ta poésie, mais permets-moi de t’écrire plutôt, moi qui n’ai jamais vraiment su quoi t’écrire après la lecture de tes livres, moi qui, comme critique, si tant est que j’ai jamais été critique, me suis toujours débrouillé pour ne pas avoir à écrire sur ta poésie, si tant est qu’il s’agisse de poésie. Commençant cette lettre, je repense à ce vieux professeur que tu évoques quelque part, qui ayant consacré toute sa vie à l’étude de la peinture de Watteau, se retrouva le jour où il fallut en parler à ses étudiants, à ne pouvoir balbutier, étranglé d’émotion, que quelque chose du genre, « Watteau, c’est Watteau ».
Commençant cette lettre, je me dis qu’il me faudrait, t’écrivant, parvenir à dire pourquoi je me trouve après la lecture de tes livres, comme dans une stupeur muette, dans une très claire et comme rayonnante impossibilité, le plus souvent, d’écrire quoi que ce soit sur tes livres. En vertu de ce que tu nommes la méthode de l’idiot, qui consiste à faire vivre au lecteur « l’expérience vertigineuse d’une non-relation, accompagnée d’une intense sensation de paix et de liberté », je me retrouve à l’issue de la lecture de tes livres dans un clair sentiment d’hébétude, oui, un peu comme face à une clarté dont je ne saurais pas quoi faire, quant à ce que je viens de lire, qui dans l’espace de la non-connexion entre tes énoncés, cette béance ainsi ouverte, ferait comme un désastre lumineux, je ne sais pas si je suis clair.
[…]

Xavier Person, extrait d’un texte lu à la Maison de la poésie de Nantes, le 9 avril 2008




Cher Emmanuel,
Merci pour Les coquelicots qui, avec la perspective d’un cabinet de curiosités, ont ravivé un questionnement un peu vagabond et suscité ces quelques notes :
Livre après livre, certaines anecdotes reviennent.
Leur retour ne cause aucun ennui, aucun agacement. Jamais je ne les saute. Ceci doit indiquer quelque chose sur leur nature ou leur fonction. Mais quoi exactement ?
privé

« Anecdote est emprunté, par le latin Anecdotes, au titre grec d’un ouvrage de Procope, Anekdota, c’est-à-dire “choses inédites” » (Le Robert). L’anecdote c’est donc étymologiquement ce qui n’a pas été publié ou produit au-dehors.
L’anecdote relève du privé.
« écrire comme ça à la première personne, sans sortir de chez lui » (ma haie, p. 464)
[…]

Abigail Lang




voir aussi :
Emmanuel Hocquard (Expositions)


lire aussi :
203 (Emmanuel Hocquard)


à télécharger :
' ' ' Le Cahier du Refuge ' ' ' 203 (Emmanuel Hocquard) (1637 Ko)


écouter :
Cher Emmanuel ... (extrait)
Fragments d'un dossier
Fragments pour E.H. (extrait)
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