ÉCOLE DU CIPM

Forum de la poésie

Forum de la poésie 2011


De janvier 2011 à avril 2011

Intervenants :
Paul Anders, Florence Pazzottu, Sarah Kéryna, Nicolas Tardy, Jihane El Meddeb, Emmanuelle Bentz, Stéphane Nowak Papantoniou



Lecture publique de tous les collégiens, le mardi 12 avril 2011 à la BDP Gaston Defferre.




• Collège Elsa Triolet (Marseille)
Avec Emmanuelle Bentz, Mekyusa Chaker (enseignante), Nadia Bestagne (enseignante documentaliste) et une classe de 4e.

Le lundi matin à Elsa Triolet, pas moins de 4 adultes, pour entraîner une classe, beaucoup d’absentéisme, un manque de motivation certain et même quelques dérapages, mais nous avons malgré tout réussi à produire des textes de qualité. Vous avez pu entrevoir un large panel de poètes, de Christophe Fiat à Christophe Tarkos en passant par Pierre Tilman, Jean-Jacques Viton, Michelle Grangaud, Georges Perec, l’Oulipo, Ghérasim Luca et Éric Giraud pour le texte collectif ci-dessous.

Emmanuelle Bentz



• Collège Sylvain Menu (Marseille)
Avec Nicolas Tardy, Mesdames Cériez & Bibert (enseignante et enseignante documentaliste) et une classe de 4e.

«Je fabrique des poèmes» disait le poète Christophe Tarkos
(1963-2004), présenté durant l’une des séances.
C’est ce que chacun a ici tenté de faire.
De fabriquer en partant d’une liste de mots.
De fabriquer avec des mots qui se répètent.
De fabriquer avec des mots qui permutent leurs places.
De fabriquer avec des mots issus de sa tête ou d’un livre.
De fabriquer avec des phrases prélevées dans le C.D.I. qui nous
servait de fabrique.
De fabriquer avec des sons qui reviennent.
De fabriquer avec un nombre limité de vers ou de phrases.

N.T.



• Collège Pasteur (Marseille)
Avec Jihane El Meddeb, Mme Majgaard (enseignante) et les élèves de 4e 1.

20 heures divisées en deux groupes, 10 séances sans compter.
Avec l'écriture au centre, on fait les passes, les petits ponts,
les grands sprints et l'endurance fera le reste, on saisit
les occasions, on puis dans la réalité pour inspirer
la fiction, on use de la fiction pour mettre
en perspectives un ensemble de réalités.
Sur les pages blanches,
coulent les encres,
se forment les phrases
poétiquement modifiées
qui sortiront de la bouche. Les gorges
se serrent et les cœurs s'emballent
quand nous parlons finalité,
lecture
face public, micro en main,
voix se déploient là. tous
je vous remercie d'être
allés au bout
du jeu.

JEM



• Collège Leprince Ringuet (La Fare les Oliviers)
Avec Paul Anders, Mme Boyer (enseignante) et un classe de 6e.

Tous les vendredis de 8h à 10h : « cours de ça »
« ça » on dira que c’est la poésie, on va dire qu’on ne sait pas vraiment ce que c’est, mais qu’on va y jouer!
On a commencé par un Ping Pong de mots, puis on s’est réveillé en écriture : chacun a retracé son parcours de son lit /gauche / droite / tout droit / jusqu’à la chaise dans la classe en haut des escaliers. Un autre jour je vous ai dit aujourd’hui vous êtes Dieu, et dans vos yeux grands ouverts j’ai lu l’Emanglom d’Henri Michaux et les animaux de personne de Jacques Roubaud, chacun s’est mis à créer son « monstre »...
« pas si facile que ça »... au fur et à mesure des séances, vous vous êtes laissés prendre par le jeu du poème, et de très beaux textes ont éclos.
La lecture publique a rendu l’écriture encore plus vivante : le trac face à son poème, les mots qui veulent changer
de place à la dernière minute et c’est juste.
Merci à tous de votre enthousiasme grandissant, merci à Madame Boyer, de m’avoir fait à nouveau confiance pour ce voyage au pays du « ça ».

Paul Anders




• Collège Henri Wallon (Marseille)
Avec Paul Anders, Mme Garrigue (enseignante) et une classe de 4e.

Nous ne pouvons pas expliquer le mauvais temps
Nous ne pouvons pas expliquer le monde
Nous ne pouvons pas expliquer la fatigue
Nous ne pouvons pas expliquer notre façon de parler
Nous ne pouvons pas expliquer la valeur des choses
Nous ne pouvons pas expliquer l’amour qui rode en nous
Nous ne pouvons pas expliquer la poésie
Nous ne pouvons pas expliquer la mort
Nous ne pouvons pas expliquer la vie
Vous ne pouvez pas expliquer dans mon coeur la douleur
Nous ne pouvons pas expliquer l’innocence
Nous ne pouvons pas expliquer l’adolescence
Nous ne pouvons pas expliquer le rien
Nous ne pouvons pas expliquer l’amitié qui est fausse
Vous ne pouvez pas m’expliquer la voiture qui t’emmène
Nous ne pouvons pas expliquer les problèmes immondes du monde
Nous ne pouvons pas expliquer les bombes
Nous ne pouvons pas expliquer l’hystérie collective
Ce poème nous l’avons improvisé ensemble, à la dernière séance.
Debout, au fond de la classe, le poème s’est fait, à voix haute spontanément. Pour arriver là, le voyage a été intense, la position assise sur la chaise souvent intenable, surtout face à cette liberté de « quoi écrire » dans le devoir écrire quelque chose.
Et puis vient le moment de lire en public, d’écouter les autres et de lire soit-même, avec sa classe ! Quelle fierté : « Paul nos textes ils ont mieux ! » pour se rassurer et puis « On les a bien lus hein ! »
Cette expérience vous a donné le goût, je le sens, de continuer à lire, à dire, à écrire.
J’ai appris de vous également ! trouver un point d’appui pour vous accueillir dans cet étrange «moment» d’écrire : mettre les chaises en cercle, tenir le silence quelques minutes avant de commencer, pour apaiser l’ouragan des cris des couloirs qui vous électrise.
Un grand merci à votre professeur de français Madame Garrigue passionnée, patiente et disponible, avec qui j’ai pu échanger et qui a pris le temps de retravailler l’orchestration de vos textes.
Cette expérience était vivante et généreuse, très vivante même ! Merci à tous.

Paul Anders




• Collège Henri Barnier (Marseille)
Avec Stéphane Novak, Samia Arrouag (enseignante) et une classe de 3e.

Une étrange et belle rencontre. Àl’étage de la bibliothèque, dominant la mer, face aux tours. Extérieur jour / latéral béton. Présence bienveillante de la bibliothéquaire et de Mme Arrouag. Découvertes. D’emblée. Tarkos, Fiat, Heidsieck. Poésie-action donc. Travail sur l’ordre des mots avec Emmanuel Hocquard.
Dans la cour / caméras //trois.
Polyptotes de Tarkos. On tourne autour de l’objet obsessionnel – la sacrée trinité téléphone – ordinateur – télévision : qui voit quoi? Comment faire monter la pâte-mot?
Ce sentiment qui revient, être déconcerté. Sortir du concert. Revenir à l’écriture. Voix qui s’échangent. Construction de personnages. Visages s’illuminant. Celui qui écrit masqué. Celle qui écrit par flots. Celui qui écrit penché. Celle qui lit de dos.
Et puis il y a eu l’exploration de la page. La mise en espace.
Découverte des mobiles de Vannina Maestri et d’une architecture de la page. Un courant d’air frais. Textes en croix, en blocs, en œil – on allonge l’espace de la page.
Précaire communauté. Où l’écoute avance avec l’affirmation. La sélection suivante ne représente qu’un très court extrait des nombreux écrits.

Stéphane Nowak



• Collège Edgar Quinet (Marseille)
Avec Florence Pazzottu, Mme Bounzoul (enseignante) et une classe de 5e.

Comment nommer ces instants où, mû par une confiance qui n’est pas naïveté mais audace fidèle (pari sur l’imprévisible), on voit surgir devant soi tant de singularités riches, s’affirmer (au lieu du groupe de jeunes adolescents sympathiques et turbulents qui vous ont salué) la voix, chaque fois unique, de l’invention poétique ?

Florence Pazzottu



• Collège du Vieux-Port (Marseille)
Avec Florence Pazzottu, Julie Mélère (enseignante) et une classe de 4e.

Rarement m’a semblé si frappant le contraste entre ce que nombre de ces adolescents croyaient savoir d’eux-mêmes, ou ce dans quoi il leur semblait déjà être piégés par autrui, difficultés, échecs, maladie, malentendu, et cette intelligence, cette capacité d’entendre (même à travers, parfois, le brouhaha), cette inépuisable vive parole, qui se révélaient soudain (à chaque séance), comme si elles n’attendaient qu’une invitation pour s’élever et surprendre.

Florence Pazzottu



• Collège Marie Mauron (Cabriès)
Avec Sarah Kéryna, Anne Lubeit (enseignante) et une classe de 6e.

Un collège au milieu des pins, au petit matin, quand le jour se lève.
La machine à café, les couloirs, l’appréhension toujours un peu quand je sors de mon sac les livres en vous attendant et me prépare à traverser ces deux heures avec vous.
Le CDI, son «agora», ses livres, ses bandes dessinées, ses dictionnaires, le paper-bord, sur lequel j’inscrirai des noms, des mots clés, des indications.
Dispersés aux quatre coins du CDI, les feuilles sur vos genoux ou sur les tables, inspirés, concentrés, ou parfois décontenancés, avec vos univers, vos personnalités – voire vos obsessions pour certains –, vous avez écrit des gammes, des variations, des bribes, des phrases, riches et étonnantes.
Tous vos textes ont été autant de perles rares, que vous avez ensuite lues chaque séance devant toute la classe. Le choix pour ce cahier en a été difficile.
Encore une fois, j’ai constaté le grand succès de Ghérasim Luca : le poète Roumain qui «balbutiait», vous a permis de déployer spontanément des textes qui ne «veulent rien dire», loin des codes établis des formes de poésie préconçues.
Vous êtes venus deux fois à Marseille: Au cipM, pour écouter Bernard Heidsieck et choisir des phrases sur des couvertures de livres pour enfants. À la BDP, pour lire vos textes «devant les autres», en assurant comme des chefs.
En espérant que la petite graine de la poésie continue à grandir en vous, je vous remercie de votre écoute et de votre participation active, toujours en alerte.
Merci aussi à Anne pour son enthousiasme, et à Jocelyne, la documentaliste du collège, pour son aide et sa bienveillance.

Sarah Kéryna



• Collège Romain Rolland (Marseille)
Avec Sarah Kéryna, Hakima Djahnine (enseignante) et une classe de 6e.

Pendant 10 séances, toujours ce grand plaisir de vous retrouver le jeudi matin, au bout d’un trajet en métro et d’un chemin à pied au long de l’Huveaune. Dans le collège Romain Rolland, qui fait face à un camp de gitans, malgré le bruit des travaux au dehors, je vous ai lu des textes de Claude Roy, de Claude Simon, de Francis Ponge, Michel Tournier, Michel Butor... Celui qui emporta votre adhésion fut Ghérasim Luca, dont vous avez fait vôtre la musicalité et la liberté de jouer avec les mots, avec une créativité jubilatoire. Bernard Heidsieck ce jour de sortie au cipM, vous inspira aussi, au delà de ce que j’aurais imaginé. Le jour de la lecture à la BDP vous avez lu vos textes avec le plus grand sérieux, malgré le trac. Un grand merci à Hakima pour sa curiosité et son soutien.

Sarah Kéryna




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