LES INéDITS

Inédits 2012


le vendredi 22 juin 2012, à 19h00

avec
Patrick Maurice, Paul-André Landes, Leïla Anis, Florent Draux



Quatre noms qui ne disent rien encore ou presque, au lecteur, ou plutôt qui ne disent qu’eux-mêmes. On ne les retrouve que rarement aux sommaires des revues, quant aux livres, ils sont à venir. Pourtant, si ces écrivains ne sont qu’au début de leur travail, celui-ci n’en existe pas moins, et dans son état actuel a su nous convaincre. Ce n’est donc pas une chance que nous donnons à nos invités mais le simple témoignage de notre reconnaissance, et leur présence ici ce soir, ils ne la doivent qu’à l’attention que leur travail a suscitée. Ceci est un choix.

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Extraits :

Tu es partie
Tu es l’abandonneuse
Apprends quel est le sort des fuyardes :
« Tu emporteras ton pays sur ton dos * »
Tu seras ta patrie et ta patrie sera toi
Tu seras inachevée et approximative
Parcelle de terre fantôme colonisée voilà deux siècles par la France
Foetus mort-né de la grande Gaulle et son minuscule
Irréductible regret de la trahison
Nidation de l’impérialisme en une veille de fausse couche
Fruit de l’union satanée de l’indigène avec la colon
Fille de l’erreur
Traître aux lois aux rites à la tribu
Ton tribut sera ta solitude décharnée
Fille de l’entre-rien
Je suis l’enterrée vivante
La dévoyée
Celle qui renverse dans sa course sa servilité de femme

* Feu mon père, reviens, de Abdourahman A. Waberi, Cahier nomade, Privat/Le Rocher, 2007.

Leïla Anis, extrait de Fille de



rythme. espace. L’un dans l’autre en l’un. s’éveille un théâtre d’image. se lient de nouvelles relations. de moi à dehors à moi. déjà trop. c’est que vite. et tout se répète pourtant chaque fois neuf. tout naissant mais déjà là. en attente et se déversant. retenu dans l’élan. images.

un homme déjà visible invisible de moitié.

même au-delà du bruit des images ; dans le silence. il y a un son.

les figures fuient sous la pression de la forme. juste avant l’acte – inscrire –
derrière la peau pierre : profusion du théâtre.

Florent Draux, extrait de Une homme déjà visible invisible de moitié



(Décousu, collé, attitré)
Steak haché, frites
Mâche papier, vide ordure élégant
Tournedos frites
Les enfants gardent dans leur manche
Toute une réserve de jolis gestes
...
Ça touche, ça caresse
Ça attrape, ça broie des petits
Trucs minables qui s’effritent tout au long du chemin
Les mains des morts dont les ongles ont poussé
Creusent encore nos souvenirs
Les mains de deux kilos de viande.
La pieuvre du poids de notre hérédité
Et parfois s’affinent, se forment des phalènes
S’échappent des papillons de ces grosses chenilles
De ses cinq grossières
Ce qu’on appelle rapidement des grands hommes
Parce qu’ils ont les doigts fins
Et le bras long.

Paul-André Landes, extrait inédit



Cerise
Sur le gâteau
La belle
Nuit à son corps
Défendant la place au soleil
De ses ancêtres
Cerise sur le gâteau
La belle nuit
À son corps défendant
La place
Au soleil de ses ancêtres

IX.8

Patrick Maurice, extrait inédit




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