MANIFESTATIONS

Carte Blanche à Serge Daney - 2


La Maison cinéma et le monde


le vendredi 7 décembre 2012, à 19h00

Avec :
Patrice Rollet, Serge Toubiana

Autour de
Serge Daney

© Luis Buñuel, La vie criminelle d'Archibald de la Cruz (photogramme)



2012 rend hommage à Serge Daney, critique « en cinéma », disparu en 1992, l’année où il co-fonde la revue de cinéma Trafic, et dont la pensée est plus que jamais vivante.
Les Cinémas du Centre Pompidou ont fêté en début d’année les vingt ans de la revue, Trafic, 20 ans, 20 films, du 11 au 30 janvier, et La Cinémathèque française a organisé Serge Daney, 20 ans après, programmant une quarantaine de films, du 20 juin au 5 août, et consacrant à cette « pensée vive » une journée d’études, le 22 juin.
À Marseille, Philippe Bérard pour dfilms poursuit cet hommage en programmant Carte blanche à Serge Daney. Le cipM consacre deux soirées à ce Festival d’automne, à la Vieille Charité, où Serge Daney était venu débattre le 7 décembre 1991.

Des documentaires de la série Cinéastes, de notre temps de Janine Bazin et André S. Labarthe, ponctuent cette manifestation (
Lieux : Boutique agnès b., bmvr/ Alcazar)

Dans le cadre du festival d'automne Dfilms -
une histoire de cinéma à Marseille (du 2 novembre au 18 décembre 2012 - Lieux : cipM, cinéma Les Variétés)


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Programme de la soirée :

19h00
Patrice Rollet qui a entrepris la publication des écrits de Serge Daney, dialogue avec Serge Toubiana, autour de La Maison cinéma et le monde.

20h30
Projection :
Les Saisons d’Artavazd Pelechian, 30’


Extrait :

Impossible de comprendre Serge Daney sans avoir en tête l’idée de la marche, du voyage et de la (carte de) géographie. Le cinéma a aussi été pour lui un véhicule, plutôt lent (Serge était un infatigable marcheur, et prenait tout son temps), qui lui permit d’arpenter des territoires réels – Inde, Afrique, Japon, Maroc, etc. –, où il allait vérifier certaines idées ou obsessions qui le hantaient. C’est dans ces moments de voyage, la plupart du temps en solitaire, qu’il vérifiait « sur quel fond d’absence au monde la présence aux images du monde serait-t-elle plus tard requise ? » Cinéphilie populaire et sophistiquée, parce que, disait-il, le cinéma, dès sa naissance en 1895, a toujours marché sur ses deux jambes. L’une populaire, qui racontait des histoires au monde entier (l’histoire des têtes couronnées, avec ce que cela implique de déguisements, de jeux et trafics en tous genres), l’autre expérimentale, à partir de dispositifs d’enregistrement du monde réel. Méliès et Lumière, pour simplifier. Tout ce que Serge Daney a écrit est consigné dans des ouvrages, des recueils critiques, tous parus chez P.O.L, l’éditeur qu’il s’était enfin trouvé et qui, en 1991, quelque temps avant sa mort, accepta avec enthousiasme l’idée de publier une nouvelle revue de cinéma : Trafic.
S.D. a toujours eu à ses côtés des complices, véritables alter ego, des jeunes qu’il a formés – j’en fus un durant les ingrates années 70 aux Cahiers du cinéma, où nous luttions côte à côte pour quitter le dogmatisme politique et idéologique ; Olivier Séguret en fut un autre sur le versant Libération –, des comparses avec lesquels il noua des liens d’une fidélité exemplaire – je pense à Jean-Claude Biette, disparu il y a neuf ans, très proche de S.D., et d’une certaine manière complémentaire par sa vision poétique du cinéma –, à Sylvie Pierre, Raymond Bellour et Patrice Rollet avec lesquels il fonda Trafic.
Parler de S.D. sans dire qui il était, et comment il était, dans l’amitié, serait un manque et une injustice à son égard. Mais la question qui vaut d’être posée, aujourd’hui, au moment où la Cinémathèque française évoque la mémoire de Serge Daney, à travers la programmation de films qu’il a vus et sur lesquels il a écrit, de films qui l’ont vu et qui ont scandé son itinéraire de cinéphile, à travers des rencontres et des discussions, la question disais-je est celle de l’héritage critique, celle de la trace et de la mémoire. Qu’est-ce qui, de l’oeuvre de S.D., nous aide aujourd’hui à voir, à mieux voir les enjeux du cinéma, et ceux du monde tel qu’il se présente à nous ? Poser cette question de l’héritage critique, c’est déjà d’une certaine manière y répondre. Il y a urgence à relire S.D.

Serge Toubiana, juin 2012




voir aussi :
Carte Blanche à Serge Daney - 1 (Manifestations)


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à télécharger :
Carte blanche à Serge Daney - programme complet (2230 Ko)