LE REFUGE


Peter Gizzi

Revival

cipMcipM/Spectres Familiers, septembre 2003
ISBN : 2-909097-50-1




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REVIVAL
pour Gregory Corso (1931-2001)
extrait


C'est bon d'être mort en Amérique
avec le cinéma, les rideaux et le flot,
la musique de fond dans la salle de théâtre.
C'est bon d'être dans un théâtre en train d'attendre
que les Plus Belles Années de notre vie commencent.
Notre soir de première revenu, nous sommes là
poursuivant une intuition notre avion s'est écrasé
quelque part sur les Rocheuses, bagages
et manuscrits dispersés, fragments carbonisés
tentent de survivre à l'ébauche fatale.
D'être mort en Amérique au cinéma
distrait par la musique d'avant-première dans les lumières qui baissent.
Je n'ai pas une seule fois pensé à Alfred Deller
ou à Katheline Ferrier chantant les Kindertotenlieder.
C'est bon d'être perdu parmi les piliers d'herbe.
Je n'ai pas une seule fois pensé à My Last Duchess
ou aux Pins de Rome. Est-ce qu'on n'est pas bien ici
à cet instant en train de mourir avec les azalées, les trilliums,
le myrte, les viornes, les jonquilles, le phlox bleu ?
C'est bon d'être un fantôme en Amérique,
la lumière entrant à flots en ce moment même
de non retour à la même personne
qui connaissait certaines choses, certaines personnes,
rais de vie qui entrent dans une cuisine
à la fin d'un âge de non retour à aujourd'hui.
D'entendre des reportages à la radio,
quelque chose sur la vitesse, disent-ils, histoire accélérée.
C'est bon de partager le gouffre moléculaire avec un ami.
Je n'ai pas une seule fois cherché à atteindre Heisenberg
ou la Chute de l'Empire romain.

Traduit par Pascal Poyet









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