LE REFUGE


Eugene Robinson

Les sons inimitables de l'amour


Un plan à trois en quatre actes

cipM, décembre 2011
ISBN : 978-2-909097-93-0




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Eugene Robinson a été accueilli en résidence au cipM au printemps 2011.
Traduction de l'anglais (USA) par Samuel Rochery.
Les sons inimitables de l'amour est une pièce inédite d'Eugene Robinson. Il s'agit également de son premier livre traduit et publié en France.


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Présentation :

Qu'arrive-t-il lorsqu'un Marivaux épris de Bill Evans rencontre un Sade théoricien du ménage à trois ? - Une conversation lumineuse et décalée, où participent le mari, sa femme, et l'amant, sur les thèmes classiques que sont la sincérité du coeur, le jeu des sentiments, leurs limites et leurs préjugés, mais aussi les formes diverses du voyeurisme, le film porno, le sexe et la pratique enthousiaste de ses déviances. Autant de sons grinçants, vicieusement drôles et intempestifs où apparaissent en trame, sans doute, les contours d'une modernité de l'amour, entre sophistication passionnée et animalité.
Achevée à l'occasion d'une résidence d'écrivain au cipM.

Samuel Rochery



Extrait (début de l'Acte I):

[Les amants se prélassent dans le lit, où leur repos passe par tous les stades d’une langueur semi-dévêtue. C’est la fin de l’après-midi, mais la pièce, sans fenêtres, est privée de lumière. Décor mi-siècle de style moderne, hommage ironique plus que choix de design spontané. On entend de la musique. Une douce réminiscence serpentine de Bill Evans. Si quelqu’un disait qu’il s’agit du morceau The Nearest of You, il n’aurait pas tort.]

Esther : Tu n’as jamais pensé que dans tous les lits partout... Je veux dire, partout où il y a des lits où des amants sont allongés... quand bien même ce qui s’est passé est exactement la même chose pour tous, les personnes en question sont convaincues d’être totalement différentes...

Henry : Non...

Esther : Non, je ne veux pas dire qu’elles sont différentes. Bon, c’est un peu ce que je dis, mais la situation est différente. Si tu te jetais d’une falaise pour t’écraser sur le sol et que tu étais seulement blessé, au lieu d’être mort, et qu’après tu te retournais vers quelqu’un allongé à côté de toi qui vient de faire la même chose, est-ce que tu penses qu’au fond de ton coeur tu continuerais à croire que ces deux expériences sont complètement différentes ?

Henry : Tu sais, une ex- me demandait un jour en quoi j’étais différent d’un salaud.

Esther : Ah ah ah...

Henry : Bon ouais... Je veux dire je crois qu’elle voulait vraiment me casser. Mais je l’ai prise au sérieux et je savais quelque part que de toutes les questions qu’elle avait posées ou qu’elle poserait, celle-ci engageait ma capacité à répondre de façon capitale, sinon pour elle et moi, du moins pour moi, définitivement...

Esther : Et qu’est-ce que tu as dit ?

Henry : J’ai ri et puis, très sérieux, j’ai dit que ce qui me différenciait d’un salaud, c’est que le salaud investit presque 100 % de son énergie, bon, une énergie qui n’est pas tournée vers le fait d’être un salaud, à essayer de convaincre les autres qu’il n’en est pas un. Voilà le truc...

Esther : Attends, ça veut dire que tu n’es pas un salaud parce que tu ne nies pas être un salaud ?

[...]








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