MANIFESTATIONS

Comment vivre


Solo de Martin Richet


le samedi 19 mars 2022, à 11h00

Avec
Martin Richet

© DR



La joie de Comment vivre, sa surprise, c’est la beauté de son index. À l’ombre d’Aristote (qui représente ici, à tort ou à raison, la fin de la littérature en philosophie et le dernier flambeau des spéculations présocratiques), il n’y a pas d’ordre du savoir. Les livres de Comment vivre, écrits à portée d’oreille de Gertrude Stein (Comment écrire) et d’Ezra Pound (Comment lire) ne s’enchaînent pas comme les chapitres d’un traité ou d’un roman. Parce qu’ils doivent pouvoir tenir à part, sans position déterminée ni marche forcée, la lecture se fait jeu de piste : les livres s’enrichissent les uns les autres, s’opposent, se précisent, se réfléchissent, se modulent, se contrent, basculent, portés par l’index que dessine la série comme par une treille. Pour l’heure, chaque passage de Comment vivre se vit comme un moment d’apprentissage : de la vie d’une forme, le récit d’une vie dans cette forme. Ainsi se dessine actuellement une branche « prose », du flottement et de l’ambiguïté des dialogues intérieurs de De l’âme (Éric Pesty Éditeur, 2016), où une prose « libre » aux paragraphes informels s’oppose à une série de mini-sonnets encadrés par deux couplets, au basculement baroque du paragraphe à une phrase solitaire d’Économiques M (Éric Pesty Éditeur, automne 2021). Le basculement est tout à la fois une méthode de composition et de critique : la phrase regarde le paragraphe et lui dit ce qu’il fait, ce qui le fait, d’où il vient, où il va. Et vice-versa.