MANIFESTATIONS

Rencontres autour d’Yves di Manno et de la collection Poésie/Flammarion


Solo d'Yves di Manno / Lectures de Muriel Claude, Sophie Martin et Pierre Vinclair


le samedi 10 septembre 2022

Avec
Muriel Claude, Sophie Martin, Pierre Vinclair, Yves Di Manno

© DR



Solo d'Yves di Manno à 11h30
Lectures autour de la collection poésie des éditions Flammarion à 15h30




Depuis bientôt trente ans que j’en ai la charge, la collection Poésie/Flammarion a accueilli une soixantaine d’auteurs – parmi lesquels un nombre appréciable de femmes – dont les choix esthétiques s’avéraient parfois divergents, mais qui participaient tous au renouveau de l’écriture poétique tel qu’il s’est dessiné en France au cours des dernières décennies. Loin d’illustrer une ligne – et moins encore d’obéir aux mots d’ordre d’un cénacle, comme il en existe encore – il s’agissait de montrer la richesse des recherches et des travaux en cours, en mettant notamment l’accent sur un certain nombre de voix isolées, de parcours atypiques, d’univers parallèles… Certains points communs se dégagèrent pourtant assez vite : l’importance de la narration par exemple dans le travail poétique actuel, ou l’accent mis sur la matérialité de ses formes (à rebours des complaisances narcissiques ou des spéculations éthérées qui encombrent trop souvent le terrain). Je tenais aussi à publier périodiquement, à côté des nouveautés, des ouvrages remettant en perspective certaines œuvres du passé proche : d’où la présence de quelques anthologies personnelles (Matthieu Messagier, Paul Louis Rossi, Claude Adelen, Marie Etienne, Serge Pey…), le regroupement des livres d’Anne-Marie Albiach, de Jean-Paul Michel, des Apostilles de Mathieu Bénézet ou des Poésies premières de Philippe Beck, les volumes retraçant le parcours d’Action poétique ou du Jardin ouvrier – et plus récemment la réédition d’Orange Export Ltd ou un choix des écrits occultés de Michel Vachey. L’émergence des œuvres nouvelles s’inscrivait ainsi dans un contexte qui n’oubliait pas leurs prédécesseurs immédiats, ayant secrètement préparé leur émergence.
Au terme de ce long parcours – et d’un patient travail collectif, chaque nouveau livre venant apporter sa pierre à l’édifice – j’ai souhaité placer la rencontre que nous propose le Cipm sous le signe de l’extrême présent, à défaut d’un avenir que rien hélas ne nous permet d’imaginer radieux : ce qui devrait d’ailleurs nous amener à repenser la place de la poésie (si elle doit en garder une) dans le monde effondré qui se profile. Confiant malgré tout – au moins certains jours – dans le rôle qu’elle peut encore jouer, et pour célébrer leur arrivée dans ce contexte incertain, j’ai demandé à deux femmes dont j’ai récemment publié le premier livre d’y participer : Sophie Martin avec Classés sans suite (sorti en mars 2020, juste avant le premier confinement) et Muriel Claude dont l’Arrangement floral est paru en février dernier. Deux livres fort différents mais aussi inattendus l’un que l’autre, dans le paysage poétique actuel – ce qui est au fond une caractéristique propre à bien des titres de la collection. Pour les accompagner, j’ai également convié Pierre Vinclair, qui vient de fêter ses quarante ans et s’est imposé comme l’un des poètes marquants de sa génération. J’avais accueilli son premier livre de poésie en 2009, le quatrième (L’Education géographique) est sorti en janvier dernier : ouvrant, parallèlement à sa réflexion critique, des perspectives nouvelles au poème d’après.
Au programme : lectures des unes et des autres, suivies nous l’espérons d’un dialogue avec celles et ceux qui nous feront l’amitié de venir nous écouter.

Quant à l’auteur « lui-même », il tentera dans la matinée – comme en prologue à ce parcours pluriel – une traversée solitaire des livres dont il ne sait toujours pas qui les écrivait jadis, à travers lui.

Yves di Manno