MANIFESTATIONS

Olga Sedakova


le samedi 29 octobre 2005, à 18h

présentation du travail d’Olga Sedakova et lectures par :
Olga Sedakova, Marie-Noëlle Pane, Brigitte Rax, Michel Parfenov



Olga Sedakova est née en 1949 à Moscou.
Poète, elle est aussi philologue et enseigne la littérature à l’université de Moscou (MGU). Dans les années soixante-dix, l’école structuraliste de Tartu que dirigeait Iouri Lotman a joué pour elle un rôle déterminant, ainsi que les travaux du philologue Sergueï Averintsev.
Se rattachant à ce qu’on appelait alors la « seconde culture », ses poèmes ont d’abord circulé sous forme de samizdat. Olga Sedakova est à présent traduite dans de nombreuses langues et de nombreux pays.
Olga Sedakova a reçu de nombreux prix de poésie : à Paris en 1990, en Italie en 1995, ainsi que le prix de la Société Soloviev en juillet 1998 et le prix Soljénitsyne à Moscou en 2003. Le titre de Docteur honoris causa lui a récemment été décerné par l’Université de théologie de Minsk.


QUELQUES MOTS SUR LA POÉSIE. SUR SA FIN, SON COMMENCEMET, ET SA CONTINUATION
(extrait d'un texte publié dans La fête de la pensée / Hommage à François Fédier, Paris, Lettrage distribution, 2001. Traduit du russe par Marie-Noëlle Pane)

Poètes de loin amènent la parole.
Poètes sont menés loin par la parole.

Marina Tsvétaéva

« L’on peut commencer un entretien sur la poésie – ou bien plutôt sur le drame de la poésie dans la société contemporaine (d’aucuns diraient volontiers sur la fin de la poésie dans notre civilisation, sur sa mort, sur l’heure post-poétique qui a sonné à nos montres) de n’importe quel endroit. Le caractère arbitraire de ce point de départ est la première leçon que nous donne la poésie : leçon de transformation de l’espace. L’espace touché par la poésie, de réalité chosifiée qu’il était, local rempli d’objets (entre lesquels existent des distances plus ou moins grandes, franchissables ou infranchissables) devient quelque chose d’autre. Il se dématérialise, de même que les cordes effleurées par les doigts, l’archet ou le plectre cessent d’être des objets et se muent en pure vibration sonore. Ainsi, en poésie (j’entends ici la poésie indépendamment de l’activité versificatrice proprement dite), ce qui est proche peut s’avérer plus éloigné qu’une galaxie, tandis que le plus lointain résonne non pas de près, mais de l’intérieur – et tout peut répondre à tout, sans tenir compte de son emplacement « prosaïque », de ses propriétés lexicales, sémantiques, logiques, historiques. »


LA PLUIE
(traduit du russe par Philippe Arjakovsky)

– Il pleut,
et paraîtrait qu’il n’y a pas de Dieu ! –
aimait dire une vieille de nos lieux,
la petite mère Varia.

Ceux qui disaient qu’il n’y a pas de Dieu
brûlent des cierges aujourd’hui,
donnent une messe trois fois l’an,
et se méfient des mécréants.

Petite mère Varia gît au cimetière,
et il pleut,
pluie géante, abondante, pluie à perte de vue
tombe, tombe la pluie
mais au carreau de personne elle ne frappe plus.




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