dlpc 12 - Poésie et Stratégie

Pour clore notre cycle consacré à Guy Debord et aux situationnistes, et à l'occasion de la parution des oeuvres complètes de Guy Debord en un volume chez Gallimard, Vincent Kaufmann, auteur de La révolution au service de la poésie, donnera le 28 avril une conférence sur le thème de Poésie et Stratégie.

cette conférence sera la 12^ème de la série de la poésie contemporaine


Extrait :

Où chercher Debord dans ces conditions ? Il est caché au coeur d’un triangle qui ne cesse de tourner, dont les sommets sont indéfiniment permutables. Ce sont, dans l’ordre qu’on voudra, la guerre, le jeu et la littérature (ou, plus exactement, la poésie). Chaque sommet est là pour déplacer les autres, ou pour en prendre la place. La guerre consiste à inventer les mots capables de détruire l’ennemi, elle doit être belle comme un roman de chevalerie, elle relève des beaux-arts, de la poésie. Elle se fait à l’occasion dans les rues, mais aussi et surtout dans les livres, qui valent bien d’autres explosions. Et le jeu se fait guerre pour devenir un « grand jeu », pour s’incarner dans la vie. Il est ennuyeux s’il reste un simple
jeu : avoir un ennemi plutôt qu’un adversaire est ce qui le rend passionnant. De même pour la littérature, qui relève de la stratégie plutôt que de l’esthétique, qui oscille entre guerre et jeu. Elle est d’une part un principe d’agression et de réfutation du lecteur, et elle est destinée, d’autre part, à s’abolir dans la construction de situations vécues. Dans les deux cas, le lecteur est délogé, déplacé, privé des charmes si suspects de la contemplation esthétique passive. Il a en somme le choix entre devenir un partenaire ou un ennemi.
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Vincent Kaufmann, extrait de Guy Debord. La révolution au service de la poésie