MANIFESTATIONS

La fin de FIN


Vernissage - interventions


le vendredi 8 septembre 2006, à 18h30

Vernissage de l'exposition (vol. 2) consacrée à la revue FIN
suivi d’une présentation et de lecures avec :

Pierre Brullé, Marie-louise Chapelle, Jean Daive, Jacques Roubaud, Claude Royet-Journoud



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Première équation-manifeste
Procédant de l’acte même d’écrire, la création d’une revue conduit Jean Daive à abdiquer la nécessité fictive de sa propre identité. Tous les noms de cette histoire, noms de poètes, d’artistes, de philosophes, de traducteurs... c’est lui. Un geste d’écrire contresigne tous les noms, un nom se multiplie, se pluralise, coextensif à ses doublures. Cette ampliation de l’écriture, soutenue par ce que Francis Cohen a nommé une « condition hétérobiographique », reconduit abyssalement la question de Bernard Noël sur la durée d’une pensée ou d’un regard.
Jean Daive peut donc à chaque pensée, à chaque mot, se demander si c’est lui qui pense ou si d’autres pensent, écrivent en lui, pour lui, ou le pensent, ou pensent avant qu’il pense réellement lui-même ce qu’il pense.
Les trois revues composent le vertige de ces variations « de propriété, d’appropriation ou d’expropriation de la pensée de personne » (Pierre Klossowski). Chaque numéro forme le périmètre obligé de ce vertige, par où les tentatives se limitent en même temps qu’elles s’illimitent.
C’est ainsi que se découvre l’organisme des oeuvres en train de s’écrire : ébauches, lignes, dessins, visages, phrases, vers, dialogues. L’écriture n’est pas ritualisée ni expliquée, elle est mise en jeu, ouverte sur son propre faire, sans répit, sans repères fixes, elle est exposée à l’événement, à la rencontre, et par là éprouvée dans sa capacité de recommencer.
Nietzsche évoquait un fatum libellorum, le devenir nécessité du hasard d’écrire. Il y a, chez Jean Daive, un amour de ce fatum, et une éthique de cet amour qu’exprime sa grande fidélité aux noms qui reviennent. Fidélité en forme de carré, carré qui restreint et ouvre le cercle : Anne-Marie Albiach, Jean Daive, Claude Royet-Journoud et Alain Veinstein.
Ces quatre noms font rhizome, ils aimantent d’autres noms selon une logique consciente, inconsciente, dont l’écriture a été confiée à Francis Cohen dans « la chronique du carré ». Cette chronique est une rubrique presque fixe de chaque numéro de Fin, et c’est aussi, déjà, un de ces nombreux livres qui s’est écrit dans Fin, tout comme Marie louise Chapelle y a commencé mettre., tout comme Claude Royet-Journoud y a écrit la Théorie des prépositions, déjà paru en Suède et aux États-Unis...
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Michèle Cohen-Halimi, fragment, fig. et Fin, in le ' ' ' Cahier du Refuge ' ' ' 149, septembre 2006




voir aussi :
La revue FIN (vol. 2) (Expositions)


lire aussi :
149


écouter :
A la ressemblance des bêtes...
La fin de Fin
Poème commençant là [Louis Zukofski] (extrait)