ÉCOLE DU CIPM

Forum de la poésie

Forum de la poésie 2009


De janvier 2009 à mars 2009

intervenants :
Samuel Rochery, Arno Calleja, Florence Pazzottu, Emmanuelle Bentz, Nicolas Tardy, Dorothée Volut



Lecture publique de tous les textes, le mardi 31 mars 2009 à la BDP.




• Collège Lakanal (Aubagne)
Avec Nicolas Tardy, Rosa Morel (enseignante) et la classe de 6è 6.

Très motivés, les élèves de 6è 6 ont plongé dans l’écriture en manipulant prose et vers, listes et onomatopées. En partant d’un réservoir de mots transmis par Mme Ferrara, professeur de SVT (Sciences de la vie et de la Terre), ainsi que de notes d’observation écrites dans le jardin qui prolonge la cour de récréation — ces élèves ont bien de la chance — ou de photos faites dans celui-ci, plusieurs séances furent consacrées à l’écriture de poèmes en lien avec la nature ; sans que cela fut un sujet exclusif. Nous traversons donc ici un univers peuplé d’objets, traversé par des fragments de vie, l’actualité et l’humour, sur fond de nature.

N.T.



• Collège Marie Mauron (Cabriès)
Avec Dorothée Volut, Anne Lubeit (enseignante), Jocelyne Membribe (professeur documentaliste) et la classe de 5è 3.

HAUT, BAS, FRAGILE

« Alors voilà, il y eut des hauts, il y eut des bas », ai-je dit mardi 31 mars à la Bibliothèque Départementale de Marseille en présentant la classe de 5è 3 qui, fort intimidée, s’apprêtait à lire quelques-uns des nombreux poèmes écrits entre janvier et mars.

Chers élèves, comment parler de nos contradictions ? Comment dire que la traversée de ce Forum avec vous fut à la fois belle et terrible ? Belle parce que j’ai pu constater combien un espace d’écriture soudain ouvert dans vos journées de travail et vos quotidiens morcelés, était pour vous nécessaire, et que progressivement vous en saisissiez l’importance. Terrible parce qu’il fallut parfois les orages de ma voix pour vous faire baisser les armes du savoir et accepter d’être conduits par moi.

Rarement atelier de poésie m’aura autant mise au contact de la fragilité et de l’incandescence du temps de l’adolescence. Je veux vous remercier pour ça. Et vous dire encore combien sont précieux ces moments pendant lesquels vous avez essayé de trouver vos voix. Le lieu magnifique qu’est votre petit atrium du cdi – au silence jalousement gardé par la documentaliste, Jocelyne Membribe – vous a aidés à rencontrer un autre type d’écoute. L’écriture est à ce prix.

Dans les derniers poèmes écrits par vous j’ai eu la sensation d’assister à votre métamorphose. Les livres des poètes sont maintenant à votre portée, ils vous attendent, ils vous écoutent. Merci à Anne Lubeit d’avoir été celle par qui nous avons pu, jusqu’au bout, en faire l’expérience.

Pour répondre à Lucas, « non je ne vous oublierai jamais », la poésie est la langue de la mémoire.

Dorothée Volut



• Collège Françoise Dolto (Saint-Andiol)
Avec Arno Calleja, Christine Portal (enseignante) et la classe de 4è 4.

Chaque mercredi matin, j’avais grand plaisir à longer le Luberon et les Alpilles pour me rendre au collège Françoise Dolto de Saint Andiol. Des fenêtres de notre classe, la vue s’épinglait sur le Mont Ventoux : Nous étions entre de bonnes mains.

Lire, écouter, écrire, parler. Errer, questionner. Parfois ne rien dire, souvent ne plus savoir : Nous étions dans l’action. Notre terrain d’écriture, quelques poètes le balisaient : Christophe Tarkos, Gherasim Luca, Paul Eluard, E. E. Cummings, Michèle Grangaud.

Nous nous sommes essayés aux écritures fluides et redondantes, mais aussi à la métrique, aux vers plus secs. L’on exprimait en additionnant les mots, en complexifiant les termes, mais aussi en soustrayant, en décharnant le vers pour revenir au mot. Dans les deux cas, parfois, ça vibrait.

Je remercie chaleureusement Christine Portal pour son ouverture et sa présence, et tous les élèves de 4è 4 pour leur courage, leur sens du jeu et du don.

Arno Calleja



• Collège Jean Moulin (Marseille)
Avec Nicolas Tardy, Elizabeth Rousset (enseignante) et la classe de 4è 4.

Les élèves de 4è 4, répartis en 1/2 classes, ont développé progressivement leurs univers à travers de courts poèmes, principalement en vers, où la rime fut souvent sollicitée. L’utilisation de la répétition et de la permutation fut aussi un moteur pour le développement de l’écriture. Un autre procédé utilisé par les élèves, fut l’intégration dans leurs poèmes de mots piochés dans le journal du jour, ou de vers tirés de poètes français du XIXè et du début du XXè siècle (signalés en italique), pour construire leurs écrits autour de ces fragments.

N.T.



• Collège Anatole France (Marseille)
Avec Emmanuelle Bentz, Armelle Marié (enseignante) et la classe de 5è D.

C’est toute une histoire les 5D, d’ailleurs ils en racontent beaucoup. Des 5D avachis sur des bureaux, exténués, ne voulant surtout pas trop se surmener. Des 5D en pleine poussée de croissance, débordant d’ardeur, de paroles, n’arrivant à maîtriser ni leur débit de parole ni leur corps ; et une toute petite poignée de 5D essayant difficilement de se créer un chemin entre vitalité débordante et indifférence somnolente.
Pas facile d’arriver à trouver une contrainte d’écriture commune. Nous avons testé des styles et rencontré des poètes à la cadence d’un par heure, un marathon, pour enfin trouver quelques propositions tournant autour de formes ou de matières plus familières vous parlant individuellement. Des textes communs, des individuels, des en duo trio voire plus. Julien Prévieux, Éric Giraud, Michelle Grangaud, Pierre Tilman. Finalement, le jour de votre lecture publique, vous avez été calmes et pausés. Bravo !

Emmanuelle Bentz



• Collège Chartreux (Marseille)
Avec Emmanuelle Bentz, Christelle Bouchet (enseignante) et sa classe de 6è.

L’enthousiasme constaté à la première séance n’a pas duré. Changement de lieu ? Contrainte d’écriture moins ludique ?
Il a fallu plusieurs rendez-vous pour retrouver le climat de notre première rencontre. J’ai compris un peu tard que la durée de nos rencontres, certainement un peu trop brèves, ne nous laissait pas le temps d’approfondir nos textes. Sur la fin, nous avons donc pris ce temps-là, écrivant plus longuement, reprenant le même texte d’une séance à l’autre. Certains d’entre vous se sont reconnus dans un auteur, produisant des textes longs au vocabulaire réfléchi. D’autres ont eu du mal à sortir du scatologique ou du stéréotype, mais ont finalement réussi à s’en amuser.

Emmanuelle Bentz



• Collège Gibraltar (Marseille)
Avec Samuel Rochery, Sonia Arslanian (enseignante) et la classe de 6è 1.

Le réveil sonne à 8 h 30. Je le coupe, ça resonne, je recoupe. Je me lève. Je vais dans la cuisine. Je prends du lait et du pain d’épice. Je suis pas réveillé. Je mets de la musique. Un truc qui fait tomber les murs. Je m’habille en écoutant Oxbow ou Hella. Je ferai la vaisselle plus tard. Je prends ma douche. Il est 9 h. Je mets un pantalon rayé marron, une chemise grise et un pull qui commence à être un peu vieux. Je prépare un sac. Je mets des livres dedans. Je mets des feuilles d’interventions dedans. Je sors. Il est 9h30. J’attends sous l’abris-bus. J’ai encore les yeux qui collent. J’arrive au collège. Je passe la porte électronique. Je monte au deuxième étage, j’entre dans la classe de 6è 1 de Madame Arslanian. Je fais une bise sur la joue gauche et une bise sur la joue droite. Je dis bonjour à Anna, Paul, Sara, Hajar, Ericka, Oumaïma, Madlyn, Dorian et Dorian, Nassim et son frère Jassim, Ludovic, Aymeric, Rayane, Florian, Jean-Dominique, Valentin, Lucas, Loïs, Laurine, Laura, Léa, Yasmine, Sami, Sabri et Mohamed. On commence à lire des trucs. On écrit des trucs. On se dit que Charles Pennequin fait le fou sur terre. On se dit que Georges Perec a de la mémoire. On se dit que la criture d’Arno Calleja est une belle violence. On parle de Robinson avec sa langue des premiers jours. On ouvre des portes juste pour écouter comment ça sonne derrière des portes. C’est parti.

Samuel Rochery



• Collège André Malraux (Marseille)
Avec Florence Pazzottu, Sandra Raguenet (enseignante) et sa classe de 5è.

À relire les poèmes que les élèves de la classe de Sandra Raguenet du collège André Malraux ont écrits, je découvre combien parfois leur gravité contraste avec la légèreté de nos rencontres et l’élan joyeux qui toujours en porta l’écriture. Mais sans doute les rires et les sourires qui ponctuèrent nos séances, mêlés aux échos de ma lecture de poèmes à voix haute, ouvrirent-ils l’espace où pouvaient se déployer, avec une certaine douceur, cette gravité.

Florence Pazzottu


Mille et plus poèmes
Souvent vides de sens que pourtant j’atteins
Même le temps de trois phrases

Assise au bord de la fenêtre
Tuant le noir de l’horizon
Je dissimule leurs éclats de lumière

Solène Rosselo




• Collège Elsa Triolet (Marseille)
Avec Emmanuelle Bentz, Magalie Bollis (enseignante), Nadia Bestagne (professeur documentaliste) et la classe de 5è 3. et leur classe de 6è.

Rapidement au cours des ateliers s’est révélée une envie de partager vos textes, prenant plaisir à lire, imaginant donner voix aux mots.
« On a une idée : on peut s’entraîner à lire dans la cour. » Ecoutant vos envies, plusieurs propositions ont vu le jour : Des textes courts et répétitifs avec entre autres Christophe Tarkos en référence.
Puis dans l’idée de mise en espace, « Journal » d’Édouard Levé, filmant un journal télévisé, blanchi de toute information.
Puis toujours avec cette idée de jeu vocal, s’inspirant de l’idée de narration en plusieurs temps d’Olivier Cadiot.
La lecture finale a réellement rendu cette idée de donner du son aux textes.
La motivation et les envies de cette classe ont été le moteur de ces ateliers.

Emmanuelle Bentz



• Collège Henri Wallon (Marseille)
Avec Florence Pazzottu, Madame Larzeg & Monsieur Riou (enseignants) et la classe de 3è Segpa.

Les quatorze adolescents de cette classe de 3è Segpa du collège Henri Wallon ont supris par leur concentration et leur lecture à la fois pleine d'audace et de pudeur à la Bibliothèque départementale de Marseille, lors du forum de la poésie le 31 mars. À la demande de leur professeur, Mme Lazreg, ils avaient appris par coeur ces poèmes surgis très librement dans la vitesse et l’étonnement dès nos premières rencontres. Je n’oublierai pas leurs voix et leurs visages.

Florence Pazzottu



• Collège Arenc Bachas (Marseille)
Avec Samuel Rochery, Fanny Blondel (enseignante) et la classe de 6è 3.

[Poème à 22 interventions] J’aimerais bien être Sam en 6è 3 au collège Arenc Bachas. J’aimerais bien que Madame Blondel m’apprenne le français mais avec les fotes qui vont avec. J’aimerais bien danser avec Lydia et Lydia mais faut pas que je les confonde. J’aimerais bien faire une course sur NFS Most Wanted contre Mehdi à condition qu’il me laisse gagner. J’aimerais bien faire des crêpes bretonnes Nutella/citron (recette perso) pour Nadia mais pas tôt le matin. J’aimerais bien que Narimène nous chante des chansons de Kenza Farah surtout au Vélodrome. J’aimerais bien faire la course contre Mohamed mais d’abord je veux les mêmes Nike que lui. J’aimerais bien faire le kass du siècle avec Madjid, Moumadjad, Mertcan, Amine, Tayeb, Nabil, Sabri, Billel et Naïmou mais faut qu’on en parle à tête reposée. J’aimerais bien faire du surf avec Chirine mais en fait elle préfère Kelly Slater. J’aimerais bien faire du shopping rue Saint Fé avec Lynda, Sonia, Angelica et Nadjma mais j’ai peur qu’elles se moquent de moi. J’aimerais bien aussi qu’Achraf file un taquet poétique au Président de la République de ma part, surtout pour la forme.

Samuel Rochery



• Collège Les Garrigues (Rognes)
Avec Arno Calleja, Céline Salas (enseignante) et la classe de 3è B.

Pour la classe de 3è B du collège les Garrigues de Rognes et pour Céline Salas.

Les trois premiers mois de 2009, chaque lundi, j’ai eu un grand plaisir à mener cet atelier avec vous.

Dès le début, je vous ai vu vifs, joueurs et ouverts, prêts à suivre l’aventure. J’ai donc essayé de faire tourner, au beau milieu de la classe et entre vos oreilles, quelques poèmes “bizarres” (Luca, Tarkos, Eluard, Cummings, Grangaud, etc.), afin de vous faire entendre et voir des manières inédites de dire, de phraser, de prononcer, d’inventer et de délirer le sens.

Le sens, ça peut être “ce que ça veut dire”, mais aussi “où ça va”. Ainsi, ensemble, nous nous sommes efforcés de faire aller nos phrases (en se devant, parfois, d’oublier ce qu’elles voulaient dire) dans des zones inconnues, dans des replis du sens où les mots touchent autre chose que les lieux communs de la vie quotidienne. Zones et replis où, du coup, vous vous êtes vous-mêmes aventurés. Je veux vous en féliciter ici.

Par malchance, notre atelier a dû s’interrompre brusquement, et je n’ai pu récupérer la totalité des textes que vous avez écrits. C’est pourquoi, dans la série de poèmes qui suit, il en manque une grande partie. Je voudrais m’en excuser auprès de vous, en souhaitant que le souvenir de notre aventure reste plus fort que cette petite déconvenue éditoriale...

Arno Calleja






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