MANIFESTATIONS

Joan Rabascall - Zapping


Vernissage - présentation


le vendredi 20 mai 2011, à 18h30

Vernissage de l'exposition consacrée à
Joan Rabascall

suivi d'interventions de
Joan Rabascall, Ramon Tio Bellido



Extrait :

En me proposant de lui écrire ce texte, Joan Rabascall m’a précisé qu’il ne verrait pas d’un mauvais oeil que l’on fasse référence à MacLuhan. Pourquoi pas, en effet ? C’est bien à lui que l’on doit l’analyse perspicace d’une fusion entre émission et réception ou, plus exactement, d’une confusion entre ces deux moments, sensés délimiter le parcours d’un message. C’est lui encore qui, d’une manière plus prévisible que visionnaire, a prédit une accélération de la scansion entre énonciation et enregistrement, imputable essentiellement à la progression connectique de l’informatique. Je crois cependant que, dans le relatif optimisme que manifestait MacLuhan, demeurait la conviction qu’un tel progrès ne pouvait qu’accélérer une démocratisation planétaire de l’information et sa plus-value cognitive. C’est en partie certainement vrai et il faut saluer, comme preuve, la force implacable qu’imposent les rushs « amateurs » de fragments vidéographiques, tels ceux qui ont été récemment disponibles sur maintes chaînes télévisuelles pour nous offrir des vues « en direct » et « réelles » des événements survenus en Tunisie ou en Égypte par exemple. Mais l’affaire n’est peut-être pas si simple, et c’est sans doute là qu’il convient de revenir à l’adage primordial de ce penseur, pour qui l’émetteur devient, littéralement, le récepteur, eu égard aux modalités technologiques utilisées. Je n’oserais pas dire que l’on se fait « son propre cinéma » ad lib, mais la démultiplication ne peut qu’entraîner une banalisation. Et l’accélération de la diffusion – de la « divulgation » ? – ne peut s’accompagner que d’un autre phénomène tout aussi symptomatique, celui de faire preuve d’une singularisation aussi immédiate qu’éphémère dans sa manifestation.
Par essence, la mass médiatisation des images et des textes entraîne une contamination de la locution, elle les invalide. L’avalanche des mots et des icônes brouille littéralement le sens, entraînant le paradoxe d’immobiliser la réception et la perception, tout en essayant d’ouvrir une brèche à l’interprétation, ou du moins à sa tentative.
Face à une telle « masse » il y aurait alors peu de solutions pour signaler l’essentiel, y compris dans son originalité générique. Est-ce par hasard si l’on a souvent sollicité la pratique d’une sélection critique tranchant dans le quantitatif iconographique actuel pour qualifier le travail de Rabascall ? Très tôt, Restany avait judicieusement perçu combien une telle oeuvre ne peut que se formuler dans une « stratégie » visuelle – et sociale – qui s’affronte à la validation d’un « réalisme » qui par essence se veut la « métaphore du pouvoir ». Les images, leur traitement et leur économie imposent, en effet, un ordre.
[…]

Ramon Tio Bellido




voir aussi :
Joan Rabascall (Expositions)


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