EXPOSITIONS

Emmanuel Hocquard


Thomas Möbius - privé à Tanger


du samedi 9 juillet au samedi 17 septembre 2011

Exposition consacrée à
Emmanuel Hocquard



Présentation :

C’est au fur au fil des années et de l’écriture, depuis 1976, que Thomas Möbius s’est progressivement imposé, sponte sua forte, comme le personnage principal de mes livres. Même au bout de dix années, il n’apparaît pas encore nommément dans Un privé à Tanger (1987).
En fait, il était déjà présent, implicitement, dès le début, ainsi que l’atteste le poème de Spurius Mælius (Les dernières nouvelles de l’expédition sont datées du 15 février 17.. (1979), repris et complété dans ma haie (2001). Il s’agissait d’une contre-enquête menée sur un extrait des Annales de Tite-Live, qui relate le meurtre d’un certain Spurius Mælius, à Rome, aux environs de 440 av. J.C. Le démontage versifié du texte de Tite-Live montre qu’il ne s’agissait que d’un ramassis d’ajouts tardifs (voire de manipulations, intentionnelles ou non), superposés par les générations d’historiens, depuis l’époque des Gracques jusqu’à celle d’Auguste.
Dans Le cap de Bonne-Espérance (1988), le privé gagne un prénom, Thomas.
« [...] Point de repos pour toi, Thomas, sur cette enclume de terre. »
Ce n’est que dans Le Commanditaire (1993) qu’il prend un nom : Möbius. « – Fiction non fiction. Comment savoir, puisque ce sont les mêmes mots qui servent à raconter une histoire forgée de toutes pièces et qui servent à communiquer dans la vie de tous les jours. Möbius ! »
Dans un article très éclairant intitulé Le style Hammett, Gilles A. Tiberghien met en parallèle la démarche de Wittgenstein : « Le but de la philosophie est la clarification logique de la pensée. » et celle de Hammett : « Personne ne pense clairement, même les gens qui prétendent le contraire. » fait-il dire à l’un des personnages de Sang maudit. « Penser est un truc à vous donner le vertige, il s’agit de saisir le plus grand nombre possible d’éléments évanescents et de les organiser au mieux. C’est pour cela que les gens s’accrochent avec autant d’énergie à leurs croyances et à leurs opinions [...] ».
[…]

Emmanuel Hocquard




Extrait :

À la fin de notre conversation Möbius plongea sa main droite dans la poche de sa veste et en ressortit un paquet de gauloises mou d’où il tira une ultime cigarette qu’il se mit en devoir de tasser délicatement sur son bureau avant de la porter à ses lèvres sans l’allumer.
– Hocquard vous dites ?
– Oui, c’est cela, Emmanuel Hocquard.
– Si j’en crois votre lettre, l’homme dont vous me parlez sortait d’un cinéma où l’on donnait La Bande à Bondy, avec Chet Wiener et Stacy Doris dans les rôles principaux, quand on l’a vu monter dans une métaphore stationnée non loin et démarrer brutalement en fonçant vers le sud.
– Exactement.
– Depuis, si je comprends bien, vous n’avez plus eu de nouvelles, sauf cette lettre que vous m’avez apportée, postée de l’hôtel Leningrad à Moscou, dans laquelle il affirme – je le cite – : « J’ai résolu le problème de ‘‘l’énoncé pur’’, et pas du tout à la sauce platonicienne comme tu l’as sournoisement insinué sur les ondes. » C’est bien cela ?
– En effet ou plutôt j’ai essayé d’expliquer à la radio...
– Ce que vous avez expliqué ou essayé d’expliquer ne m’intéresse pas. Je vous demande si c’est bien ce que Hocquard a écrit ?
– Oui admis-je.
– Depuis ce jour-là vous n’avez donc plus de nouvelles, répéta-t-il.
– En fait si, mais indirectement par un ami qui a reçu, il y a trois mois, une fiche de lecteur au nom de Emmanuel Hocquard, envoyée sans un mot et provenant de la bibliothèque de Trieste. Il semble qu’il ait consulté sur place un livre dont je ne me souviens que du titre : Les objets contiennent l’infini.
[…]

Gilles Tiberghien










voir aussi :
Emmanuel Hocquard - Thomas Möbius - privé à Tanger (Manifestations)


lire aussi :
203 (Emmanuel Hocquard)


à télécharger :
' ' ' Le Cahier du Refuge ' ' ' 203 (Emmanuel Hocquard) (1637 Ko)