MANIFESTATIONS

Les rouge gorges


de Michel Enrici et Philippe Turc


le vendredi 29 avril 2005, à 19h00

Présentation de l’ouvrage de bibliophilie Les rouges gorges par
Michel Enrici, Philippe Turc



Présentation de l’ouvrage de bibliophilie Les rouges gorges, Lithographies de Philippe Turc, texte de Michel Enrici.
Édition originale de l’École Supérieure des Beaux-Arts de Marseille


-

Extrait :

"Gorges profondes, écholalies silencieuses des poissons rouges.
Tournantes éternelles dans les bocaux où la malice les confie, les confit pour
la vie, à l’eau de vie.
Trois, rouges-gorges amphibies,
occupés à touiller la masse plastique où ils flottent,
immobilisent dans de courtes saynètes, des figures de cadrans solaires.
Incassables.
Ils ne disent,
sauf sans mot,
sans souffle,
sans rien,
l’oeuvre complète de Beckett.
La bouche gourmande par laquelle ils pourraient trépasser dessine en langage des signes :
« Malone meurt », avec beaucoup de labiales mouillées.
Un phrasé articulé sur une rigidité de prothèse et de cartillage,
– là où se ferre l’hameçon coupe-gorge des rouges poissons-gorges –,
traduit « Malone meurt » par « silence ».
Cela se dit sans même le petit cri malingre de la souris qui jouit. Trop d’eau, déjà trop d’eau pour le moindre souffle.

On tourne. La fiction est plus haut.
Sur la ligne de flottaison où Philippe Turc madmaxe des engins, outils de la phrase, outils de la fable. Le récit vient tempétueux, là-haut, là où ça flotte héroïque.

Avant d’ouvrir le bocal, le festin de pierre commence comme la fête païenne du commandeur dans le noyau de la boule de cristal. Loupe et dure mère.
Trois points rouges dans une sphère translucide font office d’horlogerie et disent l’heure propre de la cosmogonie. L’heure qui ment.
Minuit, l’heure du mime.
Plus un mot, le geste d’une caudale, frémissement dorsal, ouvertes les branchies et le minuscule orifice. Tout cela peut peu,
au pire et pour le moins.

surcouf . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . surface

À fleur d’eau, les îles mystérieuses, engins de dérives,
nautiles et radeaux, hampes, drapeaux, balises, bric à brac vernajules,
tsunami faux-ami, éoliennes, poubelles héroïques, pèches miraculeuses,
melbouses, et Philippe le héros, le quarantième mais seul, rugissant ce récit.

L’auteur touché, l’auteur coulé."

Michel Enrici




lire aussi :
135