ÉCOLE DU CIPM

Forum de la poésie

Forum de la poésie 2012


De janvier 2012 à avril 2012

Intervenants :
Florence Pazzottu, Dorothée Volut, Paul Anders, Sabine Tamisier, Sarah Kéryna, Emmanuelle Bentz, Samuel Rochery, Nicolas Tardy



Lecture publique de tous les collégiens, le 27 mars 2012 à la BDP Gaston Defferre.

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• Collège Alexandre Dumas (Marseille)
Avec Florence Pazzottu, Magali Vermeil et Didier Racaud (enseignants) et une classe de 4e.

Est-ce parce que dans ce bus numéro 81, un jour de décembre 2011, chauffeur et passagers unirent leur voix pour tenter de me convaincre que le collège que je cherchais n’existait pas (il se cachait en fait sous son ancien nom – Gibraltar), que les élèves de cette 4e 3 et leurs professeurs, Magali Vermeil et Didier Racaud, me semblèrent auréolés par la grâce d’un conte : surgis de nulle part (ainsi qu’ils m’apparurent la première fois, tandis que c’est moi qui fis effraction dans leur salle paisible, avec l’agitation du lapin d’Alice), ils avaient la vivacité, la douceur et l’espièglerie, la bienveillance et la profondeur parfois, des elfes, des fées et des sages qui peuplent les grandes histoires d’enfance. Bien sûr, comme on le lira ici, les élèves sont des adolescents d’aujourd’hui, de plain-pied avec leur époque, mais toujours ils m’étonnèrent par leur écoute sans préjugé et leur capacité à accueillir librement ce qui traversait leur pensée, s’inscrivait sur la page...

Florence Pazzottu



• Collège Gérard Philippe (Martigues)
Avec Dorothée Volut, Karine Coudert (enseignante), Sandrine Nobilos (enseignante documentaliste), Jennifer (assistante de vie scolaire) et une classe ULIS.

Chers Anthony, Axel, Coralie, Damien, Dylan,
Guillaume, Jérôme, Jordy et Rémi,
Je vous écris par ordre alphabétique en ce mardi de pluie. Malgré le printemps qui pointe son nez, le ciel est tout gris derrière ma fenêtre. Ça me rappelle un autre mardi après-midi qu’on avait passé ensemble dans le plic plac ploc des gouttes. C’est ce jour-là, d’ailleurs, que vous aviez composé le beau poème de la main douce, celui avec lequel vous avez ouvert votre lecture l’autre jour à Marseille, vous vous souvenez ? Je vous écris pour vous remercier de ces trois mois passés ensemble autour des mots, dans votre jolie classe qui donne sur la mer. Nous avons accompli un grand voyage depuis notre première rencontre. Je me souviens de ce matin où la perceuse s’était glissée au milieu du poème que j’étais en train de vous lire : ça, je sais que vous vous en souvenez !
Oui, vous m’avez fait confiance. Dans un monde où l’on est trop souvent bousculé et si hâtivement jugé, je me suis sentie d’abord accueillie. J’ai aimé le silence que vos dix-huit oreilles m’offraient, puis doucement quelqu’un a demandé – était-ce toi, Rémi ? – «Vous pouvez continuer ? ». Alors grâce à votre présence simple et directe, j’ai pu vous guider dans vos premiers pas d’écriture poétique. Peut-être que désormais vous savez que vous en êtes capables.
Et puis je vous écris enfin pour vous dire combien vous avez été de magnifiques lecteurs le jour où tous les collégiens étaient réunis dans la grande salle des Archives départementales. Vous aviez très envie de dire vos poèmes, vous n’avez pas eu peur, aventuriers jusqu’au bout ! Aventuriers grâce au soutien enthousiaste de votre bienveillant capitaine, Madame Coudert. Puisse le navire ULIS (Unité locale d’insertion scolaire) longtemps naviguer. Quant à moi, je vous souhaite à tous d’être accompagnés loin à poursuivre vos chemins de découvertes. Et que le vent vous porte !

Dorothée Volut



• Collège Henri Wallon (Marseille)
Avec Paul Anders, Suzelle Garigue (enseignante) et une classe de 3e.

Le vendredi matin, dans une grande salle vide, puis dans une toute petite salle où les murs semblent se rapprocher dangereusement : heureusement les fenêtres, vous avez jouer avec les mots.
Suspendu à la bouche ouverte, prête à PRONONCER le mot claque dans l’air et en arrive un, puis un flot dans la tête ! Surtout ne pas le dire tout de suite : l’écrire. Les mots sont contagieux, ils en appellent d’autres.
La phrase qu’ils forment, la suivre, regarder ce qu’elle traverse, observer attentivement le paysage qui défile tout autour : et c’est la découverte :
quand vient le moment de la lecture, à haute voix : la route de la phrase dans ta gorge, tu t’écoutes la dire aux oreilles des autres. Par le silence nouveau dans leurs bouches : tu t’entends, tu t’étonnes « c’est MOI qui ai écrit çA ! » et là, en bas de la page, alors que ça sonne, tu écris ton nom.
Fièrement.
Merci à Madame Garrigue de sa grande complicité, de sa patience, de sa passion.
Attention la lumière baisse, devant vous d’autres assis, attendent et vous écoutent !

Paul Anders



• Collège Joliot Currie (Aubagne)
Avec Sabine Tamisier, Djamila Otman (enseignante), Annick Amadei (documentaliste) et un classe de 6e.

De chez moi au collège, à pieds, tout près, chaque vendredi, une entrée en poésie. Je traverse la cour pleine de vie : rires, taquineries et nonchalance d’ados en effervescence. Je pousse la porte du CDI. Annick m’attend, Djamila arrive puis vous tous, sourires aux lèvres, à chaque fois heureux de coucher les mots sur le papier jusqu’à ce jour de mars où ils se sont dressés face aux autres à la BDP. Merci à vous tous, pour ces moments de bonheur autour de l’écriture de votre enfance, merci à Djamila et à Annick pour leur présence et leur écoute bienveillantes et pour avoir écrit, avec les enfants, avec la même envie et la même générosité qu’eux.

Sabine Tamisier




• Collège Leprince Ringuet (La-Fare-les-Oliviers)
Avec Paul Anders, Angèle Rostand (enseignante) et une classe de 5e.

Cette année, je suis arrivée dans votre classe avec un petit texte de Richard Brautigan : « c’est mon nom ». Ce texte que j’affectionne particulièrement, je commence souvent par le lire avant mes propres poèmes lors de lecture publique.
Je cherche quelque chose. J’ai eu envie de partager la recherche de cette chose-là avec vous, cette chose de l’ordre de la présence que l’on a aux choses, dans le réel, autour de nous, en nous.
Je vous ai souvent déconcertés en vous demandant de ne pas réfléchir, de laisser venir les mots, de les accueillir sans les juger de jouer avec eux. Je vous ai vraiment étonnés quand je vous ai demandé d’écrire avec vos oreilles : le son d’un dictionnaire qui tombe sur la table, la fenêtre qui se ferme, la craie sur le tableau...
J’ai parfois senti que je vous avais perdus, que l’écriture ne vous regardait plus... puis doucement, par la lecture, elle est revenue, par l’enthousiasme et la considération de votre professeur, Madame Rostand, à l’écoute de vos textes : vous vous êtes dit « ah si... tien... ça veut peut-être dire... ça vaut peut-être d’être dit... » et vous y avez cru.
Votre lecture à tous lors du Forum, votre enthousiasme, votre sérieux joyeux m’a beaucoup touchée.
J’espère que vous vous souviendrez tous de ce chemin de traverse dans l’écriture et que vous garderez la curiosité d’allez voir ce qui s’écrit quand on se pose simplement là, devant une feuille de papier.
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Paul Anders




• Collège Marc Ferrandi (Septèmes-les-Vallons)
Avec Sarah Kéryna, Nicolas Saint-Girons (enseignant), Karine Chemin (documentaliste) et la classe de 5e 5.

Durant neuf vendredis matins consécutifs, je suis venue par le train qui longe la côte, les rochers et les barres d’immeubles, suis descendue à la petite gare de Septèmes, et j’ai marché jusqu’au collège, avec dans mon sac des livres et des consignes.
L’établissement immense surgissait au bout d’une route, comme un navire perdu au milieu de nulle part. Cour, couloirs, escaliers, et la salle des professeurs.
Dans la salle de classe, nous étions trois adultes, et ce n’était pas de trop pour vous cadrer. Le silence était la chose la plus inconcevable : vous étiez nombreux, vous aviez besoin d’occuper l’espace comme on redoute le noir. Et c’est dans le brouhaha incessant de vos remarques et de vos invectives que nous avons mené le travail ensemble. Il y eut pourtant cette matinée, où, vous demandant de décrire « tout ce qui était au mur » de la salle de classe à partir d’une phrase de Nathalie Quintane, vous avez réussi à vous concentrer sans parler, cinq minutes montre en main. Une prouesse !
Durant neuf vendredis matins consécutifs, nous avons abordé, par le biais de lectures de textes de poésies contemporaines, différentes « techniques » et procédés : Le portrait, la comparaison, la charade, les allitérations, les sonorités, les répétitions, les champs lexicaux, les listes, les descriptions. Nous avons appris qu’un poème peut servir à se présenter, à exprimer des sentiments, à regarder autour de soi, à s’amuser avec les mots, à écrire des choses qui ne « veulent rien dire », comme on aborde une langue étrangère ; avec étonnement parfois, scepticisme aussi, mais la plupart du temps avec plaisir et bonne humeur.
Nous avons décrit des objets à la manière de Francis Ponge, «bégayé » comme Ghérasim Luca le poète Roumain qui vous a fait tant rire le jour de la sortie au c ipM, et avons joué à composer un poème collectif, sur l’impulsion du texte de Abdelatif Lââbi « La poésie c’est »...
Les textes que vous avez écrits puis lus à voix haute étaient émouvants, drôles, originaux, surprenants. Et le choix pour ce cahier a encore été pour moi difficile. Merci à vous tous pour votre vivante participation.
Merci aussi à Nicolas pour sa curiosité et son implication enthousiaste, et à Karine pour son soutien et sa patience.

Sarah Kéryna



• Collège Massenet (Marseille)
Avec Emmanuelle Bentz, Bérengère Bilde (enseignante) et une classe de 3e.

Chaque séance a débuté par la lecture de texte, puis sans thème, une règle d’écriture. Pourtant des sujets sont apparus, des sujets parfois récurrents pour certains d’entre vous. Vous avez réussi à trouver à chaque séance le pied de nez à ma proposition, vous réappropriant les contraintes proposées pour parler de ce qui vous préoccupe.
Certains des poèmes présentés ont trouvé résonances en vous, certainement parce qu’ils parlaient de cités ou de publicité avec des tournures argotiques et peut être aussi parce qu’ils étaient parfois crus et que ces types de langage vous sont proches.
Vous avez réellement su utiliser ces espaces de liberté que je vous proposais, sans y être contraints, vous vous êtes emparés de cet espace de création.
Bravo, c’est peut-être ça votre définition de la poésie.

Emmanuelle Bentz



• Collège Pierre Puget (Marseille)
Avec Samuel Rochery, Damien Morel (enseignant) et la classe de 3e 6.

Les textes qu’on va lire sont le résultat d’un atelier dirigé à deux voix, celle de Damien Morel, enseignant de français, et la mienne : notre but était de partager notre passion commune pour la poésie contemporaine en nous concentrant sur les rapports qui lient la musique à la poésie en particulier. Pennequin, Tarkos, Anne-James Chaton et le guitariste du groupe The Ex furent les auteurs les plus étudiés, au moyen d’extraits sonores, de vidéos et de coupures dans les livres. Au final? Une belle lecture publique des élèves à la bibliothèque des archives départementales, à Marseille, et de beaux textes, en écho, parfois en réaction violente, aux auteurs étudiés. Merci à tous les élèves de la 3e 6 du collège Pierre Puget, qui ont accepté de se prêter au jeu de la découverte.

Samuel Rochery



• Collège Sylvain Menu (Marseille)
Avec Nicolas Tardy, Mme Cériez (enseignante), Mme Bibert (enseignante documentaliste) et la classe de 4e F.

C’est au milieu des livres du C.D.I. que les élèves de 4e F se sont confrontés aux mots comme des éléments à manipuler. Leurs mots, mais aussi ceux de Guillevic (français, 1907-1997) ou de Franco Beltrametti (suisse, 1937-1995). Déplacer, répéter, permuter, lister, compter, intégrer, novéliser (écrire d’après un film), autant d’opérations dont ils ont fait l’expérience, au service du sens et du son.

N.T.



• Collège Vieux Port (Marseille)
Avec Nicolas Tardy, Anne Giovannoni (enseignante) et une classe de 5e.

En partant de poèmes de Guillevic (français, 1907-1997) et de Christophe Tarkos (français, 1964-2004), de la visite de l’exposition au cipM du graphiste américain Ed Fella (1938) ou en se plongeant directement dans la production, les élèves de 5e 4 ont expérimenté l’écriture comme exercice de construction où placer, couper, enchaîner des phrases ; où placer, répéter, déplacer, compter des mots.
Merci à Ryadh qui a accepté de lire publiquement les productions des élèves absents le jour de la lecture à la BDP, alors qu’il venait tout juste d’intégrer cette classe.

N.T.




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