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Chaque titre de cette collection comporte 150 exemplaires mis dans le commerce.
Format : 124 * 250 – 16 planches & 2 cahiers de huit pages.
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Série Brésil, de Ghérasim Luca, propose une série inédite de collages réalisée en 1988-1989. Le poète a utilisé un lot de photographies anciennes découvert aux puces de Saint-Ouen qu’il marie à des vignettes trouvées de vieux dictionnaires. Les seize planches offrent une image et ses légendes, dont l’alliance, problématique et absurde, brouille les repères et questionne nos attentes. La série est organisée en cinq ensembles. Chaque unité est désignée par une lettre (de A à E) et un chiffre (de 1 à 4). Ces planches demandent de « fermer les paupières » tout en imposant des vues datées, exotiques et pittoresques. Comment décoloniser le regard, jouer sur le plaisir et ses limites ? Comment réveiller des perceptions assoupies, respectueuses de la norme et d’un bon goût toujours mesuré ? La trame des mots, des slogans, des instruments (« brûle-tout », « garde-feu », « vrille », « carcan », « porte-voix », « axe », « hygroscope », « demoiselle de paveur », « tarière », « menottes », « ciguë », « menhir », « grilles », « clef anglaise ») et des images ; celle, aussi, des gestes mis en œuvre par ces découpes, constituent la surexposition tragi-comique d’un homme occidental se voulant maître de la nature et de ceux qu’il considère comme ses esclaves potentiels. Tragique d’un monde (dé)coupé par la colonisation porteuse d’un darwisnisme social répugnant ; comique lié à la rencontre fortuite entre une image et des fragments de texte qui, à vouloir cadrer le monde et répertorier les savoirs, lacèrent toute perspective d’identifier les mots aux choses, les portraits aux paysages, les natures mortes aux figurants. Ces fragments d’une métaphysique matérialiste prennent en défaut la « rhinocérisation » des esprits occidentaux : ils décalent et déclassent les points de vue, introduisent du désordre dans une axiologie qui se croit universelle.
Anne Malaprade
A1 - Les Arcs, © Ghérasim Luca
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