LE CLOU DANS LE FER


Pierre Drogi

Afra / vrai corps

Le Clou dans le Fer, juillet 2010
ISBN : 978-2-917824-09-2




Collection « Expériences poétiques »
2010
15,7 x 21cm
88 pages


4ème de couverture :

Afra/vrai corps, plus qu’une figure ou que le nom crypté d’une personne ou d’une démarche, serait un lieu, portant la trace encore articulée (mobile) d’une parole. Au sens étymologique : un reliquaire, comme l’annonce son titre et l’ancienne appellation de « vrai corps » pour désigner le corps mort d’une sainte ou d’un saint – Afra, en l’occurrence, celle qui, quoique attribuée tantôt à l’Italie et tantôt à l’Allemagne par la légende, semble référer par son nom à l’Afrique. L’étrangère.

« Afra », ce pourrait alors être un mot de passe pour le retournement, en un lieu précis de la conscience, de ce qui est mort à son contraire « vivant », d’une vie « réelle » de parole. Un point où vie et mort se touchent et changent de signe.

« Le paradis est pour ainsi dire dispersé sur toute la terre, c’est pourquoi il est devenu si difficile à reconnaître etc. Ses traits épars doivent être rassemblés, son squelette doit être rempli. Régénération du paradis. » (Novalis)
Le reste est à l’intérieur.



Portrait en creux du livre et d’un lecteur par Pierre Drogi

« En art, les intentions ne sont pas comptées : en exposer serait inutile, peut-être ridicule.
Il n’y a pas de recette, pour lire un texte de fiction ou un poème. Ou s’il y en avait une, elle consisterait tout au plus à se laisser aller à lui pour en éprouver l’effet, quel qu’il soit, dans une forme étrange de confiance préalable, tant à l’égard du texte que de ses propres capacités à arriver jusqu’à lui et à l’entendre… Sans cette réciproque confiance, dans la bienveillance du texte à l’égard du lecteur et dans celle du lecteur à l’égard du texte, il vaut mieux aussitôt fermer le livre et renoncer.

Depuis le texte déposé sur la page, comme un précipité ou comme la notation d’une expérience dont les mots et même les blancs fournissent la trace, le « texte poétique », pulvérisé, déserté par les explications, les échafaudages et les intentions de celui qui l’a noté, s’offre, en dépit ou en raison de son caractère « obscur » (réduit à sa plus humble nudité), à l’expérience délicate, énigmatique et singulière de la lecture. Il vise, à partir de sa propre singularité (de son propre fond), quelque chose de singulier en celui qui le lit : de l’irremplaçable, du non-conforme, du dissemblable, un point qui marque celui qui lit comme inconfondable avec tout autre « un ». Le paradoxe veut que cela s’opère avec des mots communs, traités comme s’ils étaient tous des noms propres, traités comme des mots jamais vus, jamais lus, jamais employés. Et pourtant ces mots mettent en branle une mémoire de tous les autres mots et de tous leurs autres emplois de mots…

Le malentendu, les malentendus possibles font partie du jeu. Tout est désormais affaire d’interprétation et d’écho : le lecteur prête sa voix au texte, elle en revient, déformée, le lecteur écoute ce qui remonte jusqu’à lui, ce que sa voix, sa voix modifiée éveille parmi les sens, communs et singuliers, dont il dispose. Il y a confrontation, échange, rencontre entre la singularité (qui peut aller jusqu’à l’étrangeté) résistante du texte et ce que le lecteur, nouveau Bernard Palissy, en quête du sens, est prêt à y jeter : rencontre entre un feu et ce qu’on expose à ce feu.

Mode d’emploi abstrait du livre ? Portrait en creux de celui qui lit ? Incitation à donner visage à ce qui, jusqu’à présent, encore enfoui entre les mains, ne demande qu’à relever la tête »






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