EXPOSITIONS

Christian Jaccard


Livres, papiers, combustions


du vendredi 5 décembre 2003 au samedi 17 janvier 2004

exposition consacrée à
Christian Jaccard



Présentation :

Proverbe : « Le papier souffre tout. On fait dire au papier tout ce que l’on veut ; de ce qu’une chose est écrite, il ne s’ensuit pas qu’elle soit certaine ». Suite aux couples Toiles / Échelle et Toiles / Outils puis aux estampages d’Outils sur papier révélés soit à l’encre sèche, soit au pastel gras, il me vint l’idée de placer un entrelac ou une ligature sous une feuille de papier. Faire apparaître le contour de cet objet en le brunissant doucement à l’aide d’un fer à repasser puis d’écraser brutalement avec celui-ci la fibre de chiffon ou de bambou afin d’accuser l’empreinte des quelques spires formant dessus. Au verso, l’excès de chaleur produisit une calcination : double trace envers/ endroit, ombre portée de ce petit Outil de chanvre ; sorte de « reste » d’un moment définitivement perdu. C’était après 1970. Je n’ai pas cessé depuis, à tous moments, dans toutes mesures et en tous sens d’imposer des outils de mèche d’amadou ou de mèche lente sur divers papiers et plus particulièrement sur des papiers d’Arches et de Japon Impérial. La chaleur corrosive, les méandres de la fumée de goudron fondu, l’empirisme de toutes ces évanescences m’incitaient à un perpétuel recommencement. C’est conjointement aux Toiles calcinées, aux Trophées, aux Anonymes Calcinés, aux Pièces-blanches-brûlées, aux Pièces-rouges en hommage au Vésuve, à d’autres travaux annexes que je me livre au papier qui à son tour me livre ses images primitives, essentielles : ses « ignigraphies » à travers sa texture et son territoire. Goudrons multiples, poudre noire comprimée, paillettes de poudre lisse ou de guerre, gels néoprène ou à l’acétone : toutes matières en combustion qui, grâce à l’eau se fixent paradoxalement dans un dernier élan sur du papier et jouent dans leur gesticulation au simulacre d’un « lavis au brou de noix ». Quelle dérision ! Et tous ces traçages en pointillés droits ou courbes qui s’ancrent et s’acharnent à ponctuer, à oblitérer, à affranchir ces petites surfaces. Ne pas intervenir sur le papier serait se refuser à l’accomplissement du désir. Ainsi le désir se soumet aux exigences du feu ; entre la passion et l’instinct il s’abandonne aux braises de délices.

extrait du catalogue Papiers calcinées 1974-1984, CAC Pablo Neruda, Corbeil Essonnes, 1985, in le ' ' ' Cahier du Refuge ' ' ' 1,2,3..., décembre 2003



Tout se passe comme si le feu avait été arrêté danjs sa force de destruction et qu'il eût été saisi à la fois dans son mouvement, dans sa lumière, dans son pouvoir d'embrasement et d'illumination des objets qui se trouvent autour de lui. Qu'on regarde les Suites calcinées des années 1976-1978 : on peu dire sans exagération que jamais dans l'histoire de la peinture depuis Titien une telle force d'illumination n'est sortie de la toile.
[...]

Dominique-Gilberte Laporte, Jaccard ou la réparation, extrait du catalogue Anonymes calcinés des XVIIe, XVIIIe et XIXe, Galerie Jean Sit, Paris, 1982, in le ' ' ' Cahier du Refuge ' ' ' 1,2,3..., décembre 2003








voir aussi :
La revue passage d'encres (Manifestations)


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