Il y a des mots qui font pleurer
Et se sont des mots désagréables à entendre.
Le mot lâcheté, le mot hypocrisie, injustice, ravage.
Le mot inégalité, le mot vexé.
Et certains noms de personnes
Et certains noms.
Julie
Ateliers de création poétique dans les collèges du département des Bouches-du-Rhône
Marseille
Classe de 4 ème
Intervenante : Sarah Kéryna
Enseignante : Boutheina Obadia
2020
Lorsque nous nous sommes vus pour la dernière fois, début mars, nous nous acheminions vers ce moment de partage collectif qui clôture l’atelier : la lecture publique à la bibliothèque départementale de la Joliette.
La lecture n’a pas pu avoir lieu, et nous n’aurons pas l’occasion de nous revoir, mais il reste vos textes, ces textes que vous avez écrits entre le mois de janvier et le mois de mars 2020, que vous m’avez confiés, et que j’ai retranscrits, que vous pourrez lire et partager sur ce blog.
En vous appuyant sur l’écriture de poètes ayant éprouvé la violence, comme Abdelatif Lâabi, emprisonné au Maroc dans les années 80, Deborah Miranda, poète indienne témoignant du sort fait aux à son peuple, Georges Perec, enfant caché pendant la seconde guerre mondiale, ou Paul Eluard, militant pour la paix et la liberté, vous avez traduit en mots des émotions telles que colère, douleur, révolte, à travers des textes, certains très personnels, en passant par différentes formes d’écriture : poèmes, récits, élégies… avec une grande sincérité. Vous avez également expérimenté le côté ludique et hyperbolique du langage en remplaçant des insultes par des expressions, et en transformant le chaos des éléments déchainés en scénarios catastrophe, non sans humour parfois.
Voici donc ci-joint ici le produit de votre travail.
Un grand merci à vous tous pour votre implication enthousiaste.
Merci à Madame Obadia pour sa curiosité et l’attention portée au projet à chaque séance.
J’espère que la petite graine poétique plantée pendant l’atelier continuera à germer avec le temps en vous. Bel été.
Sarah Kéryna.
Il y a des mots qui font pleurer
Et se sont des mots désagréables à entendre.
Le mot lâcheté, le mot hypocrisie, injustice, ravage.
Le mot inégalité, le mot vexé.
Et certains noms de personnes
Et certains noms.
Julie
Je suis le feu, celui qui ravage les forêts et les transforme en brasier,
celui qui déclenche les volcans et ensevelit des versants.
Je suis l’eau, celle qui recouvre pendant quelques instants une ville d’habitants,
celle qui est gelée dans les glaciers.
Je suis la terre, celle qui fait trembler et disparaître une cité,
celle qui de ses éboulements détruit les bâtiments.
Je suis l’air, qui de ses bourrasques arrache les plumes d’un paon, qui d’un cyclone fait s’envoler les rescapés.
Je suis les éléments déchaînés.
Madeleine
Je suis le feu, celui qui ravage les forêts et les transforme en brasier,
celui qui déclenche les volcans et ensevelit des versants.
Je suis l’eau, celle qui recouvre pendant quelques instants une ville d’habitants,
celle qui est gelée dans les glaciers.
Je suis la terre, celle qui fait trembler et disparaître une cité,
celle qui de ses éboulements détruit les bâtiments.
Je suis l’air, qui de ses bourrasques arrache les plumes d’un paon, qui d’un cyclone fait s’envoler les rescapés.
Je suis les éléments déchaînés.
Noe
Pleurez pour les blessures, présentes ou passées dont le mal
s’est alimenté.
Pleurez pour l’absence, dont le vide nous a affamés.
Pleurez pour le temps perdu qui ne reviendra jamais.
Pleurez pour les regrets, violents parfois qu’on aimerait oublier.
Pleurez, pleurez, et puis zut ! moi je préfère « riez ».
Marine
Je suis l’eau,
Océan fatigué d’entendre inlassablement
les vagues aux sourds grondements.
Je suis la terre,
vase fragile éphémère se cassant
au premier coup de vent.
Je suis le feu,
brasier inapaisable, qui ne faiblit pas
au premier coup bas.
Je suis l’air,
Liberté solidaire, ouragan
ardent qui fait la force du vent.
Je suis les quatre éléments, déchaînés
ou apaisés, rassurants ou effrayants,
libertaires ou arbitraires.
Je suis tout et rien.
Ceci est mon refrain.
Marine
Il y a des mots qui font peur
Et ce sont des mots qui rappellent la douleur
Le mot tuer, le mot harceleur,
violence, vengeance, souffrance,
le mot violeur et le mot malheur
et certains noms de braqueurs et certains noms.
Marie P.
Il y a des mots qui font peur
Et ce sont des mots horribles
Le mot crochu, le mot mathématiques,
Screemer.
Nicolas
Chanter pour des moments de joie
qui nous rendent heureux.
Chanter pour évacuer ses moments
d’angoisse.
Chanter pour montrer ce que l’on
ressent au fond de nous.
Chanter pour dire au pas la colère qu’on
a eue
Chanter pour montrer une autre face
de nous.
Inés
Je suis l’air, je suis à la fois le vent qui gronde, l’incendie qui détruit, le vent qui pousse ses grandes vagues.
Je suis l’air qui alimente le feu, l’air qui permet aux plantes de respirer.
Je suis l’air, le vent et l’ouragan qui te joue en tête et la tempête de tes esprits.
Je suis les quatre éléments
Plus forts que tout quand ils s’assemblent
Je suis imbattable
Quand je me déchaîne je détruis la terre
je suis ravageur.
L’eau t’aspire dans les profondeurs
L’air t’emporte dans les cieux
Le feu te brûle dans le douleur
La terre t’enfouille de ce monde.
Inés