ÉCOLE DU CIPM

Atelier Adultes

Cela m’a été rêvé


Workshop de Bénédicte Vilgrain coordonné par Frédéric Forte






Bénédicte Vilgrain, Frédéric Forte

© DR



Dimanche 13 novembre 2022, je lis dans un ouvrage de Sebald (W.G., 1944 – 2001) que l’instructeur de Kaspar Hauser (1812 ? – 1833) commença de se réjouir de l’apparition du discernement chez son élève lorsque celui-ci débuta un récit par : « Oui, cela m’a rêvé ». L’instructeur se réjouit, écrit Sebald, de ce que Kaspar est maintenant capable de discerner le rêve de la réalité ! Lisant cela, je me suis réjouie de la faculté de discernement de cet allemand-là, que parle Kaspar Hauser, qui, contrairement à notre langue, distingue entre « j’ai rêvé » et « cela m’a rêvé ». Ou, en allemand plus correct : « mir träumte », « cela m’a été rêvé ». Car qui est ce sujet en train de rêver ? Quelqu’un qui est agi plutôt qu’il n’agit, non ? Cette faculté de discernement rapproche l’allemand du tibétain, qui déploie toute une panoplie d’auxiliaires pour discerner une action que « je » porte d’une action que je constate : si j’utilise le « constatif » pour déclarer que je me rends au Norbulingka (la résidence d’été des Dalaï-Lama), c’est que je me suis rêvée(2) y allant…
En tibétain, dans l’injonction : « Regardez le cadavre. Posez-lui une question » (Les Contes dits du Cadavre), « lui » et « le » seront au même cas : « regardez-lui », comme on dirait : « parlez-lui ». Alors, « copiez-le » devient « copiez-lui », « lisez-le », « lisez-lui ». Comme, en ancien français : servez-« lui », et non servez-« le ».
Nous reconstruirons nos phrases selon leur schéma possible dans des langues étrangères ou en ancien français. Je compte que nous abordions aussi le sujet du « genre des lettres ».