MANIFESTATIONS

Les temps multiples à l'œuvre


du vendredi 12 mars au samedi 13 mars 2010

le vendredi 12 mars à 19h00
Jacques-Henri Michot, Danielle Mémoire, Hubert Lucot

s'entretiennent avec
Christian Arthaud, Pierre Parlant, Lola Créïs


le samedi 13 mars à 15h00
table ronde avec l'ensemble des auteurs animée par

Pierre Parlant

suivie de lectures avec
Hubert Lucot, Danielle Mémoire, Jacques-Henri Michot



Dans un texte introductif à un récent séminaire intitulé « Qu’est-ce que le contemporain? », Giorgio Agamben, évoquant au passage la notion nietzschéenne d’inactualité, propose la définition suivante : le contemporain désigne une « relation au temps qui adhère à lui par le déphasage et l’anachronisme ». Relation, on le voit, pour le moins singulière. Ainsi conçue, la contemporanéité suppose en effet l’irrévocable appartenance au temps présent et sa mise à distance. Relation néanmoins essentielle : sous ces deux conditions seulement s’avère possible une vision de l’époque qui ne soit ni l’effet d’un leurre ni celui de la mode du temps.
Si l’on tient cette définition pour susceptible d’orienter le jugement dans le champ de ce que la littérature peut offrir aujourd’hui, on ne doutera pas une seconde que les oeuvres de Danielle Mémoire, de Hubert Lucot ou de Jacques-Henri Michot y renvoient strictement. On posera même qu’elles en sont exemplaires, chacune en son registre et selon sa façon.

À suivre Agamben, est réellement contemporain ce qui s’inscrit dans le présent de telle sorte que ce dernier se trouve élevé à sa puissance paradoxale sous l’effet conjoint d’une coïncidence et d’un écart ; autrement dit, qu’existent en lui simultanément une proximité et une distance vis-à-vis de l’actuel. Ce qui implique en matière d’écriture que puissent être convoqués en un même geste d’effraction poétique d’autres temps que le présent. Qu’en somme, l’intention et la matière du texte accueillent, sous le rapport de figures et de mouvements particuliers, l’immémorial et l’imminence, l’immédiateté et le souvenir.
[…]

Pierre Parlant, Les temps multiples à l’œuvre, in ' ' ' le Cahier du Refuge ' ' ' 187, mars 2010



« 5 janvier
À ces temps de ces temps
À l’insu de ceux consommés, la coïncidence, l’accord (1)»

entre temps :

temps de perdre du temps
temps de Brioine
temps de l’immobilité des Rois
temps de l’anecdote
temps de raviver le poêle
temps de raconter puis de ne plus vouloir raconter non ce serait vraiment trop
long
temps de tout jeter puis de recommencer
temps du Corpus
temps de renoncer
temps des cordelières
temps des brouillons
temps de revenir en arrière
temps de perdre son lecteur
temps de promener le chien
temps des différentes versions
temps de la digression
temps de rattraper son lecteur
temps de se demander pourquoi tant de temps pour ça
temps d’en écrire un autre en attendant

« Dans tous ces cas, et d’autres que j’oublie, ce qui est très long, ce sont les
mises en place, plus spécialement si le Cercle s’en mêle ; il y faut, souvent, des
pages et des pages ; il y faudrait des livres et des livres, ainsi que je l’ai dit plus
haut ; il y faudrait bien plus de livres que le temps qu’il me reste à vivre ne me
permettra d’en écrire (2). »

(1). Danielle Mémoire, Dans la tour, P.O.L, 1984, p.7
(2). Danielle Mémoire, En attendant Esclarmonde, Paris, P.O.L, 2009, p. 145
Lola Creïs, Les temps multiples de Danielle Mémoire, in ' ' ' le Cahier du Refuge ' ' ' 187, mars 2010




lire aussi :
187 (Le temps multiples à l'œuvre)


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Jeudi 15 janvier 2009