MANIFESTATIONS |
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Présentation : Extrait : Un ami un jour me disait tu vis dans l’abstraction. Alors on a discuté. Et je lui ai dit non je ne crois pas. Alors il a avancé, et il est revenu sur son idée, et il l’a reformulée, et il a dit non plutôt tu es un être abstrait. Alors là je comprenais mieux, bien que je fusse assez sourd à sa proposition, en me forçant j’arrivais à comprendre ce qu’il voyait, l’homme abstrait. Ça peut-être quelque chose comme l’homme générique. Ou l’homme qui ne patauge pas dans les particularités, et c’est vrai je n’ai jamais trop pataugé dans ce qui fait, pour chacun, le lot, quel mot, le lot de la vie, qui est, en gros, le sexe et le salariat. À ne pas trop patauger, il arrive de ne pas être trop éclaboussé, ce qui peut avoir son importance lorsqu’on souhaite rester de bonne présentation, de bonne mise. Se regarder dans un miroir, c’est aussi arriver à s’appréhender comme une chose simple, face à soi, extérieure, une chose que l’on peut cerner en quelques secondes, et qui peut, entre autres, s’avérer avoir une bonne mise, un bon port. À Marseille, où le centre-ville a toujours pué, et où maintenant il pue davantage d’avoir été complètement nettoyé, pelé, il m’a toujours plu de tenir un port de corps simple, beau pour tout dire, ce qui ne veut pas nécessairement dire rasé de près, parce que ça me donne des rougeurs de peau, ma barbe fait partie de mon soin, mon hygiène, précisément, parce qu’un port de corps est une chose qui s’acquiert par la simplicité, ce qui est le contraire d’une stylisation, mais un dénuement rehaussé d’un goût pour la simplicité, tenu. Les personnes qui vivent dans le centre-ville de Marseille tiennent le coup soit en maintenant leur personne, en soin, soit en abandonnant tout soin et en se vautrant dans l’irrespect de soi, l’alcool et la complaisance à la rue. Il n’y a qu’une alternative, rudasse, un peu extrême. [...] Arno Calleja, extrait de GPU 5, in le ' ' ' Cahier du Refuge ' ' ' 184, octobre 2009 |
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