RéSIDENCES

Eugene Robinson


en 2011

le cipM accueille en résidence, du 27 mars au 10 avril
Eugene Robinson

© Pierre Gondard



Eugene Robinson a écrit pour GQ, The Wire, Grappling Magazine, LA Weekly, Vice Magazine, Hustler, et Decibel, entre autres. Il fut aussi rédacteur en chef de Code et EQ.
Il a grandit à New York où il découvrit la joie d’obtenir, par le combat, un nez ensanglanté. Robinson (1m90 – 100kg) a travaillé dans l’édition de magazine, pour le cinéma et la télévision. Il a étudié la boxe, le kendo, le karate, le Muay Thai, le lutte et le jiu jitsu brésilien.
Eugene Robinson est aussi le chanteur et performeur du groupe Oxbow, groupe de rock-sperme-combat, auteur d’une petite dizaine d’albums.
Eugene Robinson vit maintenant aux environs de San Francisco.


Extrait :

La fouille est quelque chose de familier pour les habitués des salles de musologie jusqu'à maintenant. L'os du genou est connecté à l'os de la cheville et l'os de la cheville est connecté à l'os du pied et voilà vous avez le commencement des parties monstrueuses magiques qui font de l'artiste que vous aimez juste la référence brouillée et coupée en deux du calcul boiteux « ça sonne comme un mélange de « Sonic Youth, encore le même disque» et «Beck, encore le même mauvais disque».

Et après il y aura un faux-pas et de la précipitation sur le prochain morceau de musique et donc on catalogue et catalogue tout ce qui était joyeux comme poussière.

Alors ouais, toute cette entreprise en est une de pourrie.


Traduction : EPIPHANIES, mon cul.

Parce que les sons qui ont fait la base d'OXBOW et la musique que NOUS faisons sont les bruits qui roulent dans la pulsation du flux sanguin et ne sont les plus audibles on va dire que lorsque la main devient un poing et que tout sombre dans ce théâtre double où tout va vite en comique et où rien ne s'arrête avant que quelqu'un ne pleure. Oui, les bruits de la violence, parce que la violence fait bien un bruit d'animal qui lui est entièrement propre, elle a un goût et un timbre aussi bien, c'est cela qui nous a captivé pendant tellement longtemps.

Alors ça me fait drôle que d'avoir découvert cette cacherie dans les recoins de ma volumineuse vanité et de mes colères calmes, et de m'être attaché, sans pouvoir y échapper, à l'avatar de la débauche aux yeux éteints, scène tardive : DEAN MARTIN.

Je vais attendre pendant que vous vous marrez. Allez-y, marrez-vous, marrez-vous si ça vous chante, mais l'ironie du truc n'est pas post-moderne parce que l'ironie du truc c'est qu'il n'y a pas du tout d'ironie du truc. Mon amour pour Dean Martin est pur et propre.

Glissons en arrière un peu. Dans le temps. Vers un temps où les vocalistes se promenaient sur la terre. Pas juste des chanteurs mais des vocalistes, c'est-à-dire, des artistes qui chantent. Depuis un lieu aussi inaccessible que celui qui soulève les grosses questions de VAS TE FAIRE FOUTRE de la vie : la perte, l'amour, le désir, la luxure. JOHNNY HARTMAN. JOHNNY MATHIS. JOHNNIE RAY. FRANK SINATRA. JOE WILLIAMS. SAMMY DAVIS JR. et une flopée d'autres dont les étoiles se sont ternies où éteintes. Tous probablement faits en premier par des musiciens qui avaient perdu de vue qu'en pleine mode de chorus grec le vocaliste était le démiurge sans quoi il n'y avait, oh je ne sais pas, que des joueurs de free jazz pour faire du son, faire de la furie, et pour dire rien moins que sûrement que certains exercices en matière d'ego sont plus marrants à jouer qu'à écouter. Plus tard, la troïka affligeante du mauvais chant (entendez : Britney), de l'absence de chant (entendez : Mogwaï), du non-chant (entendez : les D.J.'s), nous feraient chanter sinon en vain, au moins sans être compris, comme si les vocalistes étaient responsables de cette horreur.




voir aussi :
PoésieRock (Manifestations)
dlpc 18 - Anarchy entre les lignes (Conférences)


lire aussi :
Les sons inimitables de l'amour


à télécharger :
PoésieRock [4 pages] (54 Ko)


écouter :
A Long Slow Screw (extrait)

sur internet :
Eugene Robinson